Aidé dans l’ombre par une Fédération camerounaise de football, championne des opérations foireuses, le sélectionneur des Lions indomptables qui a essuyé plusieurs revers dans ses vaines tentatives de ramener le défenseur de Liverpool dans la tanière, vient à nouveau d’inscrire son nom dans la liste des 35 joueurs présélectionnés pour la Coupe d’Afrique des nations 2017. Une démarche où son prédécesseur Volker Finke avait déjà lamentablement échoué.
Téméraire et opiniâtre, Broos ne lâche pas prise ! On dirait un harcèlement. Le technicien Belge a visiblement fait du dossier Matip, un combat de longue haleine à l’issue duquel il rêve de triompher. Il ouvre, le met en parenthèse, feint de le refermer et le remet au goût du jour quelques mois plus tard.
Comme téléguidé par la Fécafoot qui veut jouer au Ponce Pilate et refiler le mauvais bébé au sélectionneur, le patron de l’encadrement technique des Lions indomptables est devenu hanté par sa folle envie de revoir le talentueux défenseur de Liverpool, arborer à nouveau, le maillot de la sélection nationale fanion. Plusieurs fois courtisé lors de la campagne éliminatoire à la Can 2017, sans jamais donner son aval, l’ancien joueur de Schalke 04, se retrouve à nouveau au centre des conquêtes d’Hugo Broos, dont les performances sur les deux premiers matchs des éliminatoires pour le Mondial 2018, se dessine en dents de scie. Le sorcier blanc veut absolument que Matip soit du rendez-vous gabonais en janvier prochain. En témoigne cette nouvelle convocation dont il fait l’objet à un moment où le joueur, de manière préventive, avait indiqué qu’il n’accepterait aucune sollicitation.
Amateurisme et luttes d’influence
Ce d’autant plus que tout le monde sait pourquoi il avait demandé à Volker Finke, l’ex sélectionneur des Lions indomptables, de lui accorder du temps pour mieux réfléchir avant de voir si oui ou non il pourrait encore arborer le maillot des quadruples champions d’Afrique et défendre fièrement les couleurs du drapeau. Joël Matip, qui a grandi bien loin de son pays Bassa, avait mal digéré la crise qui secouait le Onze national avant et pendant la Coupe du monde 2014, confessant finalement que l’improvisation, l’amateurisme, les luttes d’influence, les pratiques douteuses et le management à la petite semaine qui ont fait le lit au sein des Lions depuis 2010 n’étaient pas de nature à rassurer des gamins dont certains sont nés et ont grandi loin du Cameroun. Lui dont le parcours avec la sélection fanion du Cameroun depuis ses débuts à Monaco le 3 mars 2010 contre l’Italie était tout sauf un long fleuve tranquille. Le jeune homme, bourré de talent avait accepté de jouer pour le pays de son père, jurant de représenter valablement la lignée des Matip.
Envie de reconstruire
Mais le longiligne défenseur de Liverpool avait fait face à de nombreux malentendus et frustrations. A cause des batailles entretenues au sein de la tanière, on avait fini par minorer ses talents multiformes, l’utilisant quelques fois comme un bouche-trou. Et celui qu’on surnomme (avec Choupo Motip), « le blanc » de l’équipe nationale, a pris un break. Même si cette envie de se reconstruire, après le gâchis du Mondial a fait le lit de nombreuses interprétations.
Convoqué une demi dizaine de fois après la déconfiture brésilienne, Matip qui totalise moins d’une douzaine de sélections avec les Lions, avait toujours décliné l’appel de Finke puis celui de son successeur Hugo Broos. Ce dernier a visiblement opté pour la carte du forcing. Cette fois sera-t-elle la bonne ? Même celui qui est encore le sélectionneur du Cameroun, et qui a dévoilé ce lundi une liste de 35 joueurs présélectionnés pour la CAN 2017 (14 janvier-5 février) ne le sait pas.
- Baromètre: ce que valent les nouveaux Lions d’Hugo Broos
- Gardiens de but… Ondoa et Onana, taille patron
- Défense… La continuité dans l’instabilité
- Milieu de terrain… Et si le changement venait d’Amadou Ibrahim ?
- En attaque… On ne change pas l’équipe qui ne gagne pas
- Affaire Joël Matip: Hugo Broos mise sur la carte du forcing
Christou DOUBENA