Malgré des effectifs relativement étoffés, aucune des cinq équipes présentes en Russie n’est sortie du lot. En comparaison des compétitions antérieures, l’Afrique donne l’impression d’être nettement en recul sur l’échiquier du football mondial.
On ne le dira jamais assez : le bilan de l’Afrique à la Coupe du monde 2018 est particulièrement mitigé. Le Mondial russe entrera certainement dans l’histoire comme l’un des pires tournois disputées par des sélections africaines. Globalement, leur prestation laisse beaucoup à désirer si l’on s’en tient à la froideur des faits et chiffres qui valent mieux que mille mots. Sur les 15 matchs disputés lors de la phase de groupe par les Africains, on a enregistré 03 victoires, 02 matchs nuls et 10 défaites. L’Egypte a la particularité de n’avoir enregistré aucun point en trois matchs. Les équipes du Nigeria, du Sénégal et de la Tunisie ont fait honneur au continent en remportant chacune une victoire, mais ce n’était pas suffisant pour aller plus loin dès lors que les équipes européennes et sud-américaines étaient en tête de leurs groupes respectifs.
L’Afrique a mis un second genou à terre après l‘élimination brutale de l’équipe du Sénégal sur laquelle reposaient les derniers espoirs de tout un contient. C’est encore plus cruel de savoir que les Lions de la Teranga ont été la première équipe de l’histoire de la coupe du monde à faire les frais de la nouvelle règle de la FIFA sur le fair-play qui stipule qu’en cas d‘égalité complète, on se réfère au nombre de cartons glanés. Et à ce jeu, c’est le Japon qui a remporté la mise. Il est symptomatique de constater que sur les 20 premières équipes du classement final, les deux meilleures africaines occupent les dernières loges. Un signe des temps ?
Ce naufrage collectif est d’autant plus insupportable que certaines équipes africaines nous avaient habitués à mieux. A titre de rappel, les différents représentants du continent en coupe du monde s’étaient mieux défendus lors des précédentes éditions où la plupart ont traversé le premier tour. La piètre performance de l’ex-Zaïre lors de la Coupe du monde de 1974 (défaite de 0-9 face à la sélection de l’ex-Yougoslavie) est devenue presqu’anecdotique. Surtout depuis que le Cameroun a établi un record d’invincibilité lors du « Mundial » espagnol de 1982 qu’il a quitté sans défaite et avec trois matchs nuls dont un face à l’Italie, futur champion du monde. Les futures participations seront plus fructueuses, le football africain ayant franchi un nouveau palier sur le plan mondial.
Les équipes n’étaient plus là pour participer simplement, mais pour remporter des victoires. On a dès lors été habitué à voir des sélections nationales franchir avec panache le premier tour en coupe du monde. C’était le cas respectivement en 1986 (Maroc), en 1990 (Cameroun) en 1994 (Nigeria), en 2002 (Sénégal), en 2006 et en 2010 (Ghana), en 2014 avec une fois de plus le Nigeria qui a failli rééditer l’exploit en 2018 lors du match controversé face l’Argentine. Bien plus, trois équipes africaines ont réussi à se hisser au stade des quarts de finale d’une coupe du monde. Il s’agit du Cameroun (1990), du Sénégal (2002), du Ghana (2010) privé de la demi-finale par la main litigieuse de l’Uruguayen Suarez. En jetant un coup d’œil dans le rétroviseur on peut logiquement s’interroger sur les avancées supposées du football africain, du moins sur le plan international. La vérité des chiffres reste têtue et amène à se demander si l’Afrique a avancé ou plutôt reculé depuis le coup de tonnerre de 1990.
Même si comparaison n’est pas raison, il est loisible de constater que certains pays non africains considérés comme des petits poucets sont en train de nous ravir la vedette. Il en est ainsi du Japon qui est désormais avec la Corée du Sud, le porte-drapeau d’un football asiatique décomplexé, en net progrès et qui risque de supplanter l’Afrique dans les années qui viennent si la CAF continue à dormir sur ses lauriers. Déjà, il devient difficile aujourd’hui pour une sélection nationale africaine de battre l’un de ces deux équipes. Chiffres à l’appui, la dégringolade de l’Afrique sur l’échiquier du football mondial ne fait l’ombre d’aucun doute. On aura beau échafaudé la théorie du complot, cette situation est surtout le résultat d’une conjonction de facteurs négatifs qu’il convient de décrypter dans le deuxième volet.
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Jean Marie NZEKOUE est éditorialiste, auteur de : Afrique, faux débats, vrais défis (2008)
L’Aventure mondiale du football africain (2010)