Il y a plus d’un an, le ministre camerounais des Sports et de l’éducation physique (Minsep) était arrivé à l’improviste à Bafoussam, et a visité les installations en décripitude du stade omnisports de la localité. Visiblement surpris, il avait promis de rendre rapidement le stade opérationnel. Un an après, le constat pourrait surprendre ceux qui y avait cru. Etat des lieux…
C’était le 9 juillet 2005. Dieudonné Philippe Mbarga Mboa était alors de retour de Dschang où il venait de présider la cérémonie d’ouverture des jeux universitaires. Son escale à Bafoussam devait l’emmener à visiter les infrastructures sportives de la localité.
Il s’était alors rendu au stade omnisports de Bafoussam pour découvrir une œuvre gigantesque croupissant dans la broussaille depuis plus de deux dizaines d’années (Relire le sujet). Ses mots et ses émotions en disaient tout :« Ça alors ! Je ne pouvais pas imaginer ça comme ça ! Il y a beaucoup de choses qui ont été faites.», s’étonnait-il. « [Faire] débroussailler, pour qu’on puisse apprécier exactement. On s’arrêtera dimanche spécialement pour cela. L’essentiel a été fait ! »
Une semaine après, le 16 juillet 2005 précisément, le Minsep est retourné sur lieux. Après un détour au stade, le patron des Sports présida une séance de travail avec des personnes plus ou moins impliquées dans le projet. Le chef supérieur des Bafoussam, Sa Majesté Njitack Ngompe Pelé assistait à la séance de travail, tout comme des ingénieurs et techniciens des travaux publics. Il était question de voir comment rendre le stade opérationnel.
Quelques jours après, Salomon Roger Tchuem, alors délégué des Travaux publics de l’Ouest et son équipe sont descendus sur le terrain. Objectif : cerner l’étendue de ce qui a déjà été fait. « Je crois que chaque équipe a de quoi travailler techniquement », estimait alors le délégué provincial, annonçant une séance de travail plus profonde le lendemain, 23 juillet. La commission, de sources bien informées, proposa alors un budget de 999 millions de FCFA pour boucler les travaux.
Quelques semaines après, on ne parla plus de rendre le stade opérationnel, mais plutôt de le rendre fonctionnel, c’est-à-dire d’achever sa construction.
Nos sources nous rapportent que le Minsep aurait soumis le dossier à la présidence de la République. « Un dossier comme celui-là necessite l’approbation du Président de la République », nous avait-on soufflé.
Sachant que l’on ne peut solliciter la volonté du chef de l’état pour un projet ne valant pas la peine, le budget et l’étendue des travaux auraient été revus (pompeusement ?) à la hausse, à près de 6 milliards de FCFA.
Depuis, l’attente s’éternise. Et comme plusieurs autres dossiers qui ont été introduits depuis des dizaines d’années et qui attendent une suite, le stade omnisports de Bafoussam a repris sa fière allure d’avant les gesticulations ministérielles : hautes et mauvaises herbes, cultures de maïs et de haricots, sillons à quelques abords, etc. Le stade a repris sa quiétude.
La faute aux Lions Indomptables?
À la délégation provinciale des Sports et de l’éducation physique de l’Ouest, on ne semble pas surpris de l’aboutissement du dossier. Plusieurs n’avaient cru en la sortie de Mbarga Mboa d’il y a un an. Maurice Nana Saleng, le patron des lieux croit savoir que le Minsep comptait sur les retombées de la qualification des Lions indomptables à la coupe du monde 2006. Rien que ça!
La ligue provinciale de football de la région défend la même thèse. Pierre Mbougna, le président par intérim préfère parler du projet de construction par la fédération camerounaise de football de dix pelouses dans dix provinces de notre pays, ceci avec l’aide de Mtn. A l’Ouest, le stade de Mbouda, à 20 minutes de Bafoussam, a été choisi. Les travaux devaient y être lancés le 1er août dernier. Jusqu’ici, rien de concret n’a été entamé du côté des Bamboutos.
En attendant, les spectateurs du stade municipal de Bamendzi (Bafoussam) n’ont de cesse de se plaindre… Au sujet du toit de la tribune d’honneur dont un pan a été arraché il y a près de deux mois par la pluie. Josué Mouiche, le directeur des stades explique ne pas avoir de l’argent (quelques milliers de FCFA) pour le réparer. Il attendrait la subvention de sa tutelle, le Minsep.
Ainsi vont nos infrastructures locales.
Kisito NGALAMOU à Bafoussam