Une finale de plus et déjà pour plusieurs, nous ne sommes plus une « Ndoti équipe ». New-Bell grogne, Bépanda fête (on s’entraîne au carrefour Omnisport avec les boeufs), quelques gars de Nkongmondo sont furieux que leurs Yon Calvin et Njoga soient des Nassaras. Rivalité quand tu nous tiens…
Parmi les joueurs, l’émulation est à son plus haut et l’équipe présente une concentration de haute volée rarement atteinte. Rien qu’à voir la concurrence, cela donne le tournis. Toutefois l’ambiance est bonne et on se chambre allègrement. Tout le monde accuse Domche d’attacher les autres attaquants, MooTol fait un tour en pays Bassa, les « Brésiliens » de retour de leur tournée font du bruit, Ngondiep et Samou sont inséparables, Njonsi me confie qu’il a un peu peur et retourne faire un tour au village, l’encens rosicrucien pue au petit matin dans les parages des dortoirs des résidences des soeurs derrière la Cathédrale de Douala où on est en retraite. Pour ne pas être en reste, je fais un tour au km5 où un kelkun qui m’avait déjà soigné la cheville à mes débuts doit me blinder.En cours de route, on me dévie vers un certain Jimmy de la Cité qui aurait tous les dons. Non c’est plutôt Chacal qui est fort, réplique un cop’s de Ngodi. Merde, je risque de ne même pas être des 16… L’esprit est essentiellement à la protection mystique alors qu’on a encore le championnat à assurer… On s’en fout chez les supporters dans le fond et la direction leur donne raison car tout est désormais fait en fonction du rendez-vous d’Ongola… Pour preuve, les multiples contacts d’Omer Nguewa qui a juré de venger le désastre qu’on sait. Abong Théophile a mille et un maux de tête avec un effectif en forme au possible. Le paquet est mis: deux semaines de physique maladif. Petit déjeuner le matin puis destination Bépanda de 9 h 30 à 11 h 30. Déjeuner, sieste et reprise à 16 h pour trois heures d’enfer. Aucun coach ne pourra plus nous surprendre jurons-nous. À trois semaines de l’événement, la tension monte et les vraies choses commencent. Feutmba se blesse à la cheville (Pour info, il ne guérira qu’après la finale) Njonsi traîne une dysentérie, Mbinkeu (encore !) a un claquage, Njoga a cimenté le poste de stoppeur mais Ebwea doit jouer puisqu’il est parmi les possibles de Claude LEROY… Samou sur la pente descendante multiplie les intrigues. Moi je passe le temps à tchatcher pour impressionner le staff. Ngondiep me dit un soir que la bouche ne marque pas les buts…
À deux semaines, on est convoqués au Château de Bonapriso (propriété de Nguewa Omer). Les raisons de ce rassemblement ? La direction a convaincu les chefs du Ngondo que l’Union représentait la province et faisait la fierté de la ville d’où l’absolue nécessité de leur appui mystique et surtout celui des ancêtre de la ville. Le représentant de la très noble organisation sawa se pointe aux alentours de 21 h. Discours de circonstance et rites que je n’ai pas le droit de révéler ici. Dommage chers lecteurs.
Une heure et demie plus tard, le cortège s’éclipse et nous sommes entre-nous pour parfaire le programme. On apprend alors que nous devrons aller au sanctuaire de Samuel Kouam en pays Bamiléké dans la dernière semaine pour une visite de courtoisie au fondateur de l’USD moderne… Courtoisie ? Bien plus que ça les amis. Un autocar de classe A est loué. Climatisation, radio-cassette Hi-Fi, tout y est. La route sera longue…
Côté foot, Abong est dans tous ses états. On cartonne tous nos matches amicaux et pour nous mettre plus de pression, les futures stars de l’équipe qui ont déjà signé des contrats viennent faire les beaux. Mon ami de toujours Magnan André Kang’a Biyick passe se moquer gentiment. De mon côté, Ousmanou Dan Baba me reçoit dans son bureau de la REGIFERCAM pour mon intégration à Rail FC. C’est de bonne guerre, un gars est écoeuré de jouer un match sur 3 et puis quand tu es titus c’est sur la terre rouge de Bafang. En tous cas… Nous nous entraînons dur et tout le monde ou presque, est en forme. Dimanche sera un grand jour et pour faire baisser la pression, on nous donne quartier libre lundi pour faire le dernier blitz avec les nôtres. Je regagne ma tanière de la rue Kotto à Deido où ma petite me wait avec un rare Mbongo Tchobi. Cette Ngo m’a été présentée par ma cousine Dodo Mandone de la Cité et s’occupe de ma personne à tous les niveaux. Mais j’ai tellement envie de jouer que j’hésite à … (…) Croyant mais mauvais pratiquant, le Pasteur Mbassi est surpris de me voir débarquer chez lui avant de rejoindre l’équipe… Prières et éclats de rire. Je sors de là gonflé à bloc !
De retour au dortoir, on nous signale que la dernière phase débute donc vendredi avec la visite au sanctuaire. Le doyen Fampou Dagobert mènera la délégation, Françoise Foning largue deux ou trois calebasses, les promesses fusent, l’argent tombe et les peintres de l’équipe se retrouvent chez Cameroun Sports pour acheter des godasses. Si je joue, je dois avoir une paire qui me permette d’assurer mes passes liftées :-))
Zepa, Mbouh, Mbinkeu et moi on opte pour des Europa Cup Adidas vissées. S’il ne pleut pas, on mettra des moulées Puma. Ma vieille Penarol a fait son temps mais m’a rendu de précieux services. Je la garde. Superstitieux aussi…
Vendredi, départ pour le lieu dit et là encore, surprise ! On passe la nuit dans la résidence de Kouam avec sa famille…
(À suivre)
Nséké Nu Nséké, leo@camfoot.com