Auteur d’une saison exceptionnelle en Turquie, Samuel Eto’o (30 matchs, 20 buts en championnat) n’arrête pas de faire parler de lui. Ses récentes performances montrent que le « Papa Eto’o » a encore pourtant du jus dans les jambes. Peut-être même assez, pour un retour en sélection nationale?
A trente-cinq ans et avec ses statistiques ronflantes, Samuel Eto’o n’a plus rien à prouver. Au contraire, il a presque tout gagné : deux Coupes d’Afrique des nations (Can) en 2000 et 2002, une médaille d’or aux Jeux Olympiques de Sidney 2000, quatre ballons d’or africains (2003, 2004, 2005 et 2010), le titre de meilleur buteur de l’histoire de la CAN, quatre Ligue des champions (1999, 2006, 2009 et 2010), champion (2005, 2006 et 2009) et vainqueur de la Super Coupe (2006) et de la Coupe d’Espagne (2003 et 2009), champion (2010) et vainqueur de la Super Coupe (2010) et de la Coupe d’Italie (2010 et 2011) sous les couleurs de l’Inter Milan. Un palmarès qui lui confère une place honorable au milieu de ceux qui ont fait le football camerounais, africain, et mondial. Un palmarès qui lui vaudrait certainement bien plus de considération, selon certains observateurs.
« Rendre à Eto’o ce qui est à Eto’o »
Pourtant, sa carrière internationale s’est mal terminée, un peu trop même. Eto’o a été écarté de la sélection, après qu’une enquête du Premier ministre, Philémon Yang aurait décidé de faire de lui, l’une des causes de la déconfiture des Lions Indomptables au Mondial brésilien de 2014. Des voix se sont levées pour le taxer de pire capitaine de la sélection nationale, parce qu’en quatre ans de capitanat, le bilan des Lions présente deux humiliantes participations aux Mondiaux 2010 et 2014, et deux absences remarquables aux CAN 2012 et 2013.
Son règne a été mouvementé, notamment en vertu des revendications tendues des primes de match et compétition. La liste des récriminations est longue, en réel ou au figuré tel que ses caprices de star, la cooptation de « ses » joueurs, le boycott du drapeau national, l’ambiance tranchante dans le vestiaire ? Lui qui avait encore promis de grands déballages ?
Pour certains, Samuel Eto’o, mérite mieux que d’être oublié de cette manière. Il mériterait peut être bien un dernier hommage, une dernière sélection sous le maillot national. C’est ainsi que les grands joueurs doivent se retirer. Pas sur la pointe des pieds. Au moins pour le rôle qu’il n’a cessé de jouer dans l’histoire du football camerounais. Car des joueurs comme Samuel Eto’o, on n’en trouve pas tous les matins à Yaoundé ou à Douala.
Peut-être que certains trouveront que la sélection nationale se porte actuellement bien sans Samuel Eto’o, et qu’il vaut mieux ne pas « réveiller les vieux démons ». Mais s’il est vrai qu’il faut rendre à César ce qui est à César, il vaut peut-être mieux « rendre à Eto’o ce qui est à Eto’o ». Et dont rendre hommage à nos « monuments » de leur vivant.
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Arthur Wandji