Capitaine de l’équipe nationale vainqueur de la CAN 1988, devant le Nigeria, Emile Mbouh se souvient d’une rencontre difficile, mais qu’ils ont remportée en restant concentrés, avec un bloc équipe compact. Celui qui est aujourd’hui entraîneur aux Etats-Unis rappelle à ses jeunes frères de ne pas perdre de vue que les Super Eagles sont des adversaires redoutables.
Emile, vous avez été l’un des acteurs principaux des deux rencontres face au Nigeria de la Coupe d’Afrique des nations 1988. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Jouer contre le Nigeria, c’est chaque fois, jouer contre un gros morceau du football. Même si leur organisation connaît des ratés en ce moment, c’est une équipe qui a toujours compté des joueurs dans les plus grands clubs du football mondial. Si bien que lorsqu’on jouait contre eux, il fallait se préparer en conséquence, parce que chaque erreur pouvait coûter cher. Nous devions être présents sur chaque action, sachant que le match était serré.
La finale a justement été serrée, et a été débloquée par un penalty. Il y a eu même un but annulé pour hors-jeu côté nigérian. Comment avez-vous vécu ce match difficile, tendu ? Avez-vous douté ?
Nous n’avons pas douté, pas du tout. Nous avions un plan de jeu défini, qui était de contrôler le milieu de terrain. Quand vous en avez le contrôle, il ne peut rien vous arriver, sauf faute individuelle ou erreur d’inattention. Nous avions décidé de jouer en bloc. C’est vrai qu’il y a eu ce but, qui avec le recul était valable. J’ai regardé depuis et je crois qu’il n’y avait pas de hors jeu. On s’est regroupé mentalement après cette occasion, on a gardé notre bloc compact, et il y a eu le penalty et on a pu remporter le match et la Coupe d’Afrique.
« C’était le dernier match de Milla »
Justement, c’est vous qui étiez le capitaine et c’est Roger Milla qui soulève le trophée, et reste sur les photos dans les livres d’histoire. Comment ça s’est passé ?
A la fin du match, je suis allé voir Claude le Roy en lui disant que comme Roger arrêtait sa carrière, c’était bien que soit lui qui aille chercher le trophée, une sorte de souvenir pour son dernier match avec nous. Certains n’étaient pas d’accord, mais je leur ai dit que l’essentiel avait été fait, nous avions remporté le trophée, et ce n’était pas que Mbouh prenne le trophée qui était l’essentiel. Bien-sûr, c’est un honneur personnel important, mais puisque l’essentiel était fait, je trouve que c’était une bonne chose de laisser cet honneur à Roger.
Que conseillez-vous à vos jeunes successeurs pour la double rencontre dans quelques jours ?
Comme je disais, jouer contre le Nigeria est toujours très difficile. Il faudra être concentrés, respecter les consignes et ne pas faire de faute de concentration.
« Un U15 camerounais de grande qualité dans mon effectif »
On n’a pas souvent l’occasion de vous avoir. Que devenez-vous ?
Après avoir arrêté de jouer, j’ai opté pour la carrière d’entraîneur. J’ai passé mes diplômes et je suis actuellement aux États-Unis. J’ai entraîné au Bethesda Soccer Club (Maryland), mais je n’étais pas toujours en phase avec la philosophie du club, donc j’ai décidé de créer une académie, Emile Star Soccer. Et depuis, un club, le Lions Soccer Club. Je voulais Lions pour garder un lien avec le Cameroun. Nous jouons dans les championnats de jeunes, des U7 aux U18, juste avant qu’ils n’aillent à l’université. Nous avons de nombreux joueurs appelés dans les équipes américaines de jeunes, et deux pros sont déjà sortis de notre académie. Il y a un qui joue en première division en Colombie et Jeremy Ebobissé à Portland (MLS). Ce dernier a d’ailleurs participé à la Coupe du monde des U20 il y a quelques mois et est camerounais. J’avais appelé pour le signaler, mais il n’y a pas eu de suite. Actuellement, j’ai également un jeune en U15, d’origine camerounaise, à qui les sélections américaines font déjà la cour. Mais, je lui propose de jouer pour le Cameroun, en espérant qu’il y aura cette fois un retour des sélectionneurs des jeunes.