Meilleur buteur actuel du championnat belge, Bertin Tomou vit des moments de rêve, après une carrière en Asie et un bref passage en France. Un bonheur ne venant jamais seul, l’attaquant vient d’être rappelé en équipe nationale du Cameroun, qu’il avait goûtée brièvement en…2004. Trois ans après, il s’apprête à aller de nouveau en stage avec les Lions version Otto Pfister avec en vue, peut être, un ticket pour la CAN 2008.
En Belgique, le meilleur buteur du moment porte un maillot spécial, décoré au dos d’un ballon d’or recouvert du numéro. C’est ce maillot que Tomou Bertin Bayart a dû porter contre le Standard de Liège, une semaine après son triplé qui le propulsait « Top Scorer« . Avertis, les défenseurs de l’équipe visiteuse se sont spécialement occupés du camerounais, s’y mettant parfois à deux pour l’empêcher de sévir de nouveau. Résultat, pas de but ce soir là et un score de zéro-zéro. « Ce match là était très dur. Mais j’ai réussi à marquer dès le match suivant, portant mon total à 8 buts » sourit Bertin, en weekend à Paris, comme souvent, car c’est dans la capitale française que vit sa petite famille.
On est loin de l’époque où Bertin, parti du PWD de Bamenda, jouait en Corée, au Pohang Steelers. Il y gagnera la Ligue des Champions en 1997, pour ses débuts asiatiques. Il y a eu ensuite la Chine, un titre de champion avec Shanghai Shenhua (2003) et son meilleur total de buts, 17 en une saison. Rendu en Europe, a-t-il encore un peu de nostalgie de l’Orient? « La Chine, j’ai tourné la page. Je ne peux que vivre le présent, mon football est en Europe maintenant. » Côté familial, femme et enfants sont donc à Paris et le joueur à Mouscron, à vingt minutes de Lille en voiture, juste après la frontière française. « Ce n’est pas facile de vivre loin de mes trois enfants et ma femme, mais je les rejoins tous les week-ends ou presque. Je ne vis qu’à une heure de train d’eux, au lieu de douze heures d’avion comme à mon époque chinoise. Je souffrais beaucoup de ne les voir qu’une à deux fois l’année, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. »
Rapidement intégré dans le plat pays, comment vit l’homme aux 1,90m son statut de meilleur buteur de Belqique? » Je suis un attaquant, je ne dois pas être surpris de marquer » répond le numéro 14 de l’Excelsior Mouscron, qui tient bien sa comptabilité: « j’ai marqué huit buts, équitablement de la tête, du pied droit et du pied gauche. J’ai donné quatre passes décisives et provoqué quatre pénalties. Si je les tirais en plus, vous voyez où je serais actuellement? » Tomou en laisse le soin au deuxième buteur du club, le bosniaque Custovic, qui lui est à six buts. Il faut aussi gérer la pression médiatique qui monte peu à peu chaque jour. » Après le match contre le Standard, j’ai dû signer des maillots pour les supporters dans la boutique du club jusqu’à minuit! Sans compter la conférence de presse, et la journée de tournage avec la télévision belge la veille« .
Il a fallu ajouter à toute cette agitation l’annonce de sa sélection avec les Lions Indomptables la même semaine. Tomou sera informé par son coach, qui le titillait depuis un moment sur le fait qu’il pourrait être éventuellement convoqué à la CAN Ghana 2008. Il raconte: « après les entrainements, je pars me doucher, puis je prend mon sac pour rentrer chez moi. Devant ma voiture, quelqu’un me dit que le coach m’appelle dans son bureau. Celui çi a un fax pour moi, et je me dis encore qu’il me chambre avec ces histoires de sélection. J’ai demandé à voir le document. Quand finalement il me montre le fax de la fécafoot, j’explose de joie et j’appelle ma femme en premier!« . Auparavant, Bertin avait connu les Lions sous l’ère Winfried Schaeffer, qui l’avait remarqué en Chine. Lors des qualifications pour le Mondial 2006, Tomou fait le stage avant le match aller contre l’Egypte mais n’est pas du voyage du Caire. Il est ensuite retenu pour le Soudan, où il entre en jeu à la mi-temps du match qui finira sur un score nul (1-1). Dans la foulée, il participe également au match exhibition que l’équipe nationale fera contre une équipe allemande de corpos à Hambourg. Ce sera son dernier match en vert, rouge et jaune. Oubli ou désintérêt des dirigeants? « J’ai toujours gardé contact avec le coach Nyongha« , qui entretemps devient adjoint de Artur Jorge. « Je lui disais que j’étais toujours là, et disponible. Il m’a dit d’attendre« . Tomou quitte la Chine, et se rapproche en Europe pour être un peu plus visible. Ce sera à Brest, où il joue en attaque avec le jeune Serge Ngal, ex-champion d’Afrique cadet, et en ce moment dans le groupe des Espoirs du Cameroun.
« Malgré mes bonnes prestations en Bretagne, je n’avais pas de signe de la sélection. On peut alors dire que je me suis surpassé en Belgique! » En effet, le natif de Bafoussam enfile les buts comme les perles dans la Jupiler League. La première saison, il marque 7 fois (et deux buts en Coupe), et dans l’exercice en cours, il dépasse déjà , avec ses 8 buts, son total de l’an dernier en championnat. « Je n’ai pas désespéré, j’ai toujours cru en moi, on m’a dit d’attendre, j’ai attendu, et voilà« . Bertin Tomou fera donc partie du voyage à Herzogenaurach, près du siège de Puma, avec ses autres camarades de l’équipe nationale. Attendus en Allemagne ce jeudi 15 novembre, les joueurs prendront tout d’abord contact avec l’adjoint Gwéha Ikouam Fils, puis avec leur nouvel entraineur Otto Pfister qui vient de signer un contrat de trois ans. « J’ai encore du boulot à faire » précise le camerounais par rapport à ce stage. « Je dois prouver aux dirigeants que si je suis au top en Belgique, ce n’est pas par hasard. Là bas, on connait mes qualités, mais je dois me battre pour l’objectif final, une place dans la liste des 23 du Ghana« .
Jean-Pierre KONGUE ESSO, à Paris
à lire aussi sur Camfoot:
– la fiche du match Soudan-Cameroun
–le 1er stage de Tomou avec les Lions
–le 2e stage et le départ pour le Soudan