Le jeune président du Centre Professionnel Sportif d’Abong Mbang (CPSA) qui représentera la province de l’Est aux Interpoules 2006, nous parle ici de sa qualification, de ses ambitions, des difficultés qu’a rencontrées son équipe, ainsi que sur la genèse même du CPSA.
Déjà félicitation pour votre brillante qualification au tournoi interpoules…
Merci beaucoup, je suis d’autant plus fier que désormais, les tribulations sont derrière nous. Nous savons aussi que le plus dur est à venir, c’est-à-dire la montée en première division. Nous nous attelons en ce moment à mettre tout en œuvre pour atteindre cet objectif, c’est pourquoi la préparation a commencé.
Deuxième qualification pour les interpoules pour vous qu’est-ce qui a changé avec celle de 2002 ?
Ce qui a changé c’est que nous sommes devenus un peu plus matures. En 2002 nous sommes allé apprendre et quand nous revenons quatre ans après c’est pour monter en première division.
Le leitmotiv de vos joueurs c’est » CPSA, première division « . Est-ce que sincèrement vous avez les moyens d’aller en première division ?
Ecoutez, si nous n’avions pas les moyens de notre politique, nous aurions fait comme les autres centres de formation, c’est-à-dire rester au niveau de la formation et nous cantonner à ça. Nous voulons non seulement aller en première division, mais aussi continuer à travailler dans la formation. Pour nous les deux objectifs rentrent dans notre plan d’action.
Vous pensez avoir un groupe suffisamment étoffé pour dominer les gros calibres qui arrivent aux interpoules cette année ?
Nous respectons les autres mais nous n’avons peur de personne. Le ballon est rond tout se jouera sur le terrain. Je peux vous assurer d’une chose, c’est que les autres équipes auront maille à partir avec le CPSA.
Les représentants des autres provinces prennent souvent le champion de l’Est de haut, parce que dit-on, le niveau du championnat y est faible. Quel message adressez-vous à ceux là ?
Je tenais d’abord à vous dire une chose, c’est que dans nos objectifs, il était question de rehausser déjà le niveau du football à l’Est de par notre modeste contribution. Ensuite il est question pour nous d’effacer les années noires car nous savons que depuis plus d’une décennie, la province de l’Est est en marge de l’élite parce qu’il n’ y a aucun club en première division. Nous avons une seule ambition, monter en première division pour redorer le blason du football à l’Est.
Le fait que les équipes de tradition comme Tonnerre de Yaoundé, Panthère de Bangangté, Kohi de Maroua ne vous fait pas fléchir ?
Qu’est-ce que j’ai à envier à une équipe comme le Tonnerre de Yaoundé ? J’ai dans mon équipe des joueurs qui ont roulé leur bosse en première division. J’ai même des internationaux, des gars qui joué à l’étranger et qui ont acquis une certaine expérience. Nous sommes sûr de nous, sûr de relever le défi sur le terrain.
Les interpoules c’est aussi beaucoup de moyens, vous pensez avoir l’argent nécessaire pour une bonne participation du représentant de l’Est ?
Les modestes moyens du président Junior Essomba sont suffisants pour le fonctionnement de l’équipe et une bonne participation au tournoi interpoules.
Par rapport à 2002, qu’est-ce qui est essentiel cette fois pour que votre équipe monte en première division ?
Comme je le disais, nous sommes venus en 2002 apprendre, nous savons notamment certains paramètres qui ne nous ont pas permis d’accéder en première division, aujourd’hui nous avons des joueurs expérimentés, je suis plus que confiant pour la montée en première division.
Si on revenait même sur la genèse de votre équipe, comment est né CPSA ?
Le CPSA est issu comme disait quelqu’un du CPSM. C’était à l’origine, le Centre sportif et professionnel de Messamena, mais je ne veux plus rentrer dans les intrigues du passé. Nous savons tous ce qui s’est passé, toutes les tribulations qu’il y a eu, tout ce que je peux vous dire aujourd’hui c’est que nous avons décidé de changer de siège, nous sommes désormais à Abong Mbang. Et pour cette raison, il fallait que le M de CPSM devienne un A.
Est-ce que l’équipe est supportée à Abong Mbang ?
Vous savez, les camerounais aiment le beau football et mon équipe pratique un beau football qui a convaincu les amoureux de foot à Abong Mbang. Si on les appelle les Brésiliens de l’Est-ce n’est pas pour rien, c’est par rapport à leur façon de jouer.
Vous n’êtes pas de la province de l’Est, qu’est ce qui vous a amené à créer une équipe de football dans cette partie du pays ?
C’est une question qui revient à tout moment. Mais ce que je peux dire c’est que je suis un opérateur économique. Une volonté divine a voulu que je m’installe à l’Est ou j’ai une structure qui s’occupe du Cacao, en même temps je fais dans les travaux publics. A l’époque il y avait une équipe de football à Messamena qui était chancelante. J’ai donc décidé de mettre sur pied une véritable équipe de football. Je suis un mordu du football, j’ai joué au football même si je n’ai pas pu faire la carrière que j’aurais souhaitée. J’avais un parent haut commis de l’état et à mon époque, le football était synonyme de banditisme. Pour cela, je ne pouvais pas jouer au ballon. Ce que je fais aujourd’hui, c’est essayer de rendre aux jeunes ce que je n’ai pas pu faire. Pour cela je n’ai pas d’endroit précis au Cameroun pour encadrer la jeunesse. Que ce soit au Nord, à l’Est, au Sud. Aujourd’hui je le fais à l’Est, malheureusement les mauvaises langues là-bas me traitent d’allogènes. Heureusement que tout le monde n’est pas tribaliste dans cette belle province.
Pensez-vous qu’avec cela vous aurez le soutien de la province lors de ces interpoules ?
J’ai le soutien du patron administratif de la province de l’Est, c’est-à-dire monsieur le Gouverneur, je crois que le reste suivra. Le président de la ligue et le Sg feront leur travail qui est celui de la mobilisation des élites et hommes d’affaires de la province pour qu’on nous donne un soutien moral ou financier parce que de toutes les façons on en a jamais assez quand on dirige une équipe de football. Je pense que ce travail payera. Nous allons livrer un match amical contre le Canon de Yaoundé à Bertoua, l’équipe passera ensuite dix jours là bas avant d’aller dans le grand nord.
Etes-vous conscient de représenter une province qui a soif de première division depuis plus de dix ans ?
Nous sommes conscients que nous portons les espoirs de toute la province, c’est pourquoi les gars sont rentrés en stage depuis trois semaines. Nous sommes prêts à faire taire les oiseaux de mauvaise augure.
Qu’attendez-vous du football en retour, est-ce un tremplin pour l’Assemblée nationale ou alors c’est un moyen de vous remplir les poches ?
Votre question me fait rigoler, sans bien sûr me foutre de votre gueule. Je suis un homme apolitique, je n’ai pas de carte d’électeur, la politique n’est pas mon truc. Je gagne bien ma vie en faisant dans mon cacao et dans mes travaux publics. Ni la politique, ni l’argent ne m’intéressent dans le football. Mais si un jour le football me rend ce que je lui donne, ce ne sera qu’une grâce divine. Je suis un fou de foot.
Un dernier mot aux populations du soleil Levant à trois semaines des interpoules ?
Je demande à toutes les populations de l’Est de nous soutenir, même si ce n’est pas matériellement, qu’ils nous soutiennent moralement. Mais si matériellement ils peuvent, qu’ils nous apportent quelque chose pour que les enfants puisent avoir une bouteille d’eau.
Propos recueillis par Steve Djouguela