Bien avant la décision finale du jury, le chaleureux public du stade municipal de Mbouda l’avait déjà élu. C’était à l’occasion de la finale des barrages entre Panthère de Bangangté et Jupiter de Bafoussam. À l’issue du match remporté par Nzui Manto, les supporteurs se sont rués sur le jeune footballeur, le portant en triomphe.
« Jupiter a perdu, mais tu n’as pas perdu. Tu es le meilleur », louanges et messages disants, le public est conquis, y compris les fans de ‘Nzui Manto’ venus de Bangangté avec toute la cour royale et sa « Reine Blanche ».
Quand Raphaël Tchoumbouen, le secrétaire général de la ligue de football de l’Ouest dévisage le nom du meilleur joueur de ce tournoi des barrages, c’est à l’unanimité que tout le stade accueille la désignation : Georges Emmanuel Kotto Mpondo, libéro de l’équipe perdante de la finale des barrages, prend son trophée et le brandit vers ce public, comme pour lui dire merci. « C’est un plaisir pour moi ; le fruit des efforts fournis durant le tournoi », avoue le lauréat, gentiment.
En réalité, durant toutes les rencontres que ce défenseur a disputées cette saison 2006, il a toujours marqué les esprits. Et, lors de la fameuse finale des barrages à Mbouda, Georges Emmanuel Kotto est une fois de plus sorti du lot. Titulaire incontestable dans la défense de Jupiter de Bafoussam face à Panthère sportive du Ndé, sa performance n’a pas trahi tout le bien que les observateurs assidus du mouvement footballistique pensaient déjà de lui.
Le stade, “c’est son biotope préféré, où il est comme un poisson dans l’eau”. Son allure frêle prend très vite à contre-pied tous ceux qui avaient osé des préjugés sur sa personne. À 17 ans, ce jeune libéro a le respect incontesté de ses coéquipiers et de ses entraîneurs qui le considèrent d’ailleurs comme le maillon essentiel de l’équipe de Bafoussam. Courageux et teigneux, il ne manque pas d’aller au choc avec ses fines jambes. Combien de duels a-t-il remportés face à des joueurs plus costauds et lourds que lui ? Beaucoup, tant sa disposition technique et athlétique lui permet de décoller plus haut que tout son monde. Un jeu de tête qui défie les meilleurs en la matière, rappelant parfois l’ascension victorieuse de l’idole Omam Biyick lors du mondial 90 face à l’Argentine.
Il n’a certes pas la taille d’un Franco Baresi, d’un Laurent Blanc, d’un Paolo Maldini, d’un Rio Ferdinand ou même d’un Rigobert Song, ces deux derniers de Manchester et Galatasaray étant ses références. Mais, Emmanuel Georges Kotto Mpondo est une véritable tour de contrôle de ligne défensive, au talent pur. Il veille à tout et utilise avantageusement sa belle technique: vigilance éclair, contrôle orienté du pied ou de la poitrine lui permet facilement de mettre au vent un attaquant, et de retrouver une belle position de relance.
Mais parfois il peut éviter de prendre des risques inutiles, comme cet amorti dans l’axe à la 20ème minute qui a failli lui être fatal lors de la finale contre Panthère. Il faut dire que le jeune défenseur était tenu par le maillot par son adversaire qu’il tentait de dribbler. « Il doit travailler sa vitesse d’exécution. Il préfère jouer très limité. Or, il peut travailler de manière à ce qu’il trouve une très grande surface. Il doit, de temps en temps, monter, et prendre des initiatives…» SIC, conseille Jean Claude Kammogne, l’ex-entraîneur de Fovu de Baham et de Sable de Batié, qui l’a eu en ce début de saison lors de son passage au sein de Racing de Bafoussam.
La trajectoire de Georges Emmanuel Kotto Mpondo n’est pas atypique. Il tient son amour pour le ballon rond de ses parents, plus précisément de son père, Joseph Mpondo, ancien libéro et milieu défensif de Panthère de Bangangté et de Racing de Bafoussam. Guidé par ce dernier, il s’est donc mis sur les traces de son géniteur. En 2000, il intègre d’abord le centre de formation Foot star de la ville, où il est tenu par un certain Biombi, coach actuel de Bafia Fc. Il y passe deux ans, avant de se frotter aux juniors de Lac Baleng. C’est ici qu’il est sollicité par Samuel Tchomtchoua, alors président-coach-joueur de Jupiter de Bafoussam pour un test dans son club. « Je suis avec lui depuis 2002. Il a beaucoup évolué, et il joue en libéro depuis deux ans. Un joueur au potentiel énorme. », reconnaît-il.
Une marge de progression qui lui a valu un prêt à Racing de Bafoussam en du début de saison. Le mariage ne fait pas long feu puisque, le nouveau staff technique du TPO estimait qu’il était très jeune et le renvoie à son club… Où il a visiblement gagné en maturité.
Bientôt, Emmanuel Kotto montera sûrement d’un cran, jouer en D1. Un défenseur que n’importe quel entraîneur aimerait avoir dans ses rangs. On comprend alors l’appétit de plusieurs équipes pour ce dernier: Fovu, Astres, Union, Bamboutos, Panthère, etc. Une étoile à suivre?
Ce texte fait partie de l’héritage des articles non encore publiés, laissés par notre reporter, le regreté Kisito Ngalamou, décédé le 9 octobre dernier.