Physiquement loin des Lions Indomptables, Sébastien Bassong a le cœur près de ses coéquipiers. Ce 15 novembre 2011, l’équipe nationale de football du Cameroun est à Marrakech au Maroc pour la LG Cup.
Lui n’a pas été sélectionné, et il en a profité pour venir à Douala rendre visite à la famille et aux amis. De temps en temps, il prend des nouvelles des Lions, s’enquiert de leurs performances, etc.
Dans les rues de Douala, Sébastien Bassong passe pour un homme ordinaire. Rien sur lui ne rappelle la star des Spurs du championnat anglais qu’il est. Simplement vêtu de Jeans, polo et tennis, il se fond facilement dans la foule. A ceux qui se disent surpris de le voir là, à Douala, il répond qu’il en a l’habitude. « Pour moi, ce n’est pas une surprise. Quand j’ai des jours libres, je viens au Cameroun. C’est normal. J’avais quelques jours devant moi et je suis simplement rentré chez moi », dit-il. Ce jour là, « Seb » est à son troisième jour à Douala. Son vol pour Londres est prévu dans quelques heures et, il y a dans ses petits yeux noirs, quelques regrets de devoir quitter cette chaleur presque suffocante de la capitale économique camerounaise qu’il aime, malgré tout.
Le Lion Indomptable a passé ses trois jours chez sa grand-mère au quartier New-Bell. En compagnie de sa famille et des amis, il ne s’est pas vraiment ennuyé. Il en a profité pour se régaler de quelques plats qu’il affectionne : manioc, poisson braisé « avec du piment », bikoyè, ndolé « bien lavé », etc. « Le ndolé de ma tante Rosa, c’est la mort », rigole ce fan de musique africaine, avec une préférence marquée pour le ndombolo et son maître Koffi Olomidé. « Koffi, c’est le meilleur, y a rien à redire », tranche-t-il, tout est esquissant quelques pas de ndombolo qui amusent son frère et les amis qui l’accompagnent.
Sébastien Bassong est né le 9 juillet 1986 à Paris d’un père professeur et d’une mère employée de mairie. Les Bassong sont cinq (quatre garçons et une fille). Ils reçoivent une éducation plutôt stricte de leurs parents, qui font tout pour leur assurer une bonne éducation. L’ambiance familiale est loin d’être libertine, comme on aurait pu le penser. « On nous a élevés exactement comme on élève beaucoup d’enfants ici au Cameroun ; de façon stricte, très sévère. Maman était certes moins dure que papa, mais elle ne plaisantait pas beaucoup, non plus. Nous n’avons pas été élevés dans l’opulence », confie-t-il. C’est cette éducation assez sévère qui a certainement forgé l’humilité de ce défenseur des Lions Indomptables.
Clairefontaine
Très tôt, le jeune Sébastien Bassong montre de grandes qualités de footballeur. Mais son « prof » de père n’applaudit pas les exploits de son fils des deux mains. Pour lui, ses enfants doivent faire des études et pas jouer au foot. « Seb » est seul à s’adonner véritablement au sport. Les autres ne sont que des sportifs du dimanche. « Mes débuts ont effectivement été assez difficiles. Mes parents voulaient que je fasse des études. Pour mon père, sans études, on n’est pas un homme accompli », raconte-t-il. Le petit Sébastien se bat comme il peut pour alterner son goût pour le football et ses études. Il décroche son baccalauréat Es et entre à l’Iut pour un an, où il étudie les techniques de commercialisation. Quand vient l’heure du choix, il décide de suivre le ballon. Cette fois, c’est plus fort que son père, qui est obligé de céder et de l’accompagner.
L’ancien pensionnaire de L’institut national du football de Clairefontaine (promotion 1999 – 2002 avec Hatem Ben Arfa) représente un espoir pour le football français. Sa carrure et son talent font rêver. Il joue pour l’équipe nationale française des moins de 20 ans et pour les espoirs français. Mais, rien n’y fait : le vert-rouge-jaune semble plus scintillant à ses yeux que le bleu-blanc-rouge. Il choisit les Lions Indomptables. Grosse déception dans les milieux du football français. Une déception qu’on continue d’évoquer aujourd’hui, puisque le nom de Sébastien Bassong a régulièrement été cité en avril dernier lors du fameux débat sur les footballeurs binationaux qui finissent par refuser de s’aligner sous le drapeau français.
« On ne choisit pas où on naît. Je remercie Dieu d’être né en France. C’est la volonté de Dieu. Etant né en France et étant passé par Clairefontaine, la meilleure académie des jeunes, la suite logique c’était l’équipe de France. J’ai joué chez les jeunes, chez les espoirs. Ce qui était tout à fait normal. Mais il vient un moment dans la vie où on grandit et où il faut faire des choix. J’ai été approché par la sélection camerounaise, j’ai réfléchi et j’ai fait le choix du cœur. J’ai une éducation camerounaise, même si je suis né en France. En choisissant de jouer pour le Cameroun, c’était un retour aux sources. Je ne pouvais que venir vers là où mon cœur battait. » Sa décision ravit ses parents, qui se sont pourtant gardés d’exercer quelque influence sur son choix. Il décroche sa première sélection chez les Lions Indomptables à Klagenfurt en Autriche lors d’un match amical. Puis il participe aux éliminatoires Can/Coupe du Monde 2010 et est de l’expédition sud-africaine.
Concurrence
Aujourd’hui, Sébastien Bassong affirme que porter le maillot des Lions Indomptables est pour lui un véritable bonheur. Une joie qui n’a d’égale que les frissons que lui procurèrent Roger Milla et ses coéquipiers à la Coupe du Monde Italie 90. « J’avais quatre ans, se souvient-il. Je me rappelle très bien de la danse de Roger. C’est des moments inoubliables. Je n’oublie pas non plus les débuts de Rigo… Tout ça faisait partie de moi. »
Pour sa troisième saison à Tottenham, Sébastien Bassong joue de moins en moins. Les stades lui manquent, la compétition aussi. Sa patience commence à le lâcher. « C’est normal. Je suis ambitieux, confie-t-il. Je veux plus. Je suis quand même dans un grand club européen. Cela signifie qu’il y a de la concurrence. Depuis trois ans, j’ai beaucoup joué. C’est ça, le football. Il y a des hauts et des bas. Si on veut être un grand joueur, il faut accepter la concurrence. Par contre, après un temps, si je ne joue pas suffisamment, je vais envisager un départ. C’est clair. »
En dehors du championnat anglais, Sébastien Bassong est séduit par le football espagnol, mais il a une préférence pour le championnat allemand. « Le football allemand a beaucoup évolué, dit-il. C’est un championnat que j’aime bien. Les stades sont toujours pleins, il y a une bonne ambiance et leurs infrastructures sont très bonnes aussi. » Il n’envisage pas encore de quitter l’Angleterre, mais pense à l’après foot. Ceux qui le côtoient confient qu’il est sur un certain nombre de projets qu’il envisage de mener au Cameroun avec un certain nombre de partenaires. « L’après foot, j’y pense. On nous en parle tout le temps. Plus le temps passe, plus on nous en parle. Je cherche les voies qui m’attirent vraiment et, au fur et à mesure qu’on avance, je vois plus clair », dit-il, énigmatique. On n’en saura pas plus. Pas plus que sur sa vie privée, qu’il tient à préserver. Discrétion oblige.
Jean-Bruno Tagne
Sébastien Bassong
–Pays : Cameroun
–Age : 25 ans
–Date de naissance : 9 juillet 1986
–Lieu de naissance : Paris
–Taille : 1m87
–Poids : 73 kg
–Poste : défenseur
–Club actuel : Tottenham Hotspur1ère sélection : (Klagenfurt) Autriche – Cameroun : 0-2, le 12 août 2009
–Carrière
- Saison Club Pays Div.
- 04-05 Metz B FRA CFA
- 05-06 Metz FRA 1
- 06-07 Metz FRA 2
- 07-08 Metz FRA 1
- 08-09 Newcastle United ANG 1
- 09-10 Tottenham Hotspur ANG 1
- 10-11 Tottenham Hotspur ANG 1
- 11-12 Tottenham Hotspur ANG 1