Halte à la pression qu’on se met intensément. Le Cameroun se doit de gagner non par rédemption mais parce que cela rentre dans l’ordre des choses.
Il y a tout de même s’agissant du Cameroun, une grosse curiosité à entendre les gazouillis de bravade qui se répandent dans l’air, depuis le retour calamiteux de Sfax et concernant l’épisode d’un match retour cette fois-ci qualificatif à la coupe d’afrique des nations édition 2013, à se jouer ce week-end. Battant à l’unisson leur coulpe, les joueurs quelque peu penauds, confessent: « nous nous devons de vaincre pour nous réconcilier avec les nôtres ». Nicolas Nkoulou le capitaine de l’heure se veut plus explicite: » …
il faut que nous fassions le bon match, la rencontre qu’il faut(…) nous avons beaucoup parlé, ça n’a pas toujours suivi sur le terrain. L’heure n’est plus au discours ».
Mais au fond, de qui s’agit-il et de quelle foudre de guerre devons nous absolument triompher au risque de voir tout ce qui a été construit, s’effondrer pitoyablement? On a du mal à croire qu’il s’agit de la Guinéé-Bissau. Illustre inconnue au bataillon des formations sportives de renom et piètre bifteck sur notre parcours que nous nous sommes évertués par notre propre médiocrité, à transformer en os.
Eh! oui, voilà ce qui arrive quand on choisit de ne plus se faire respecter, de prêter le flanc à la vulnérabilité. Gagner la Guinée-Bissau rentrait et rentre encore aujourd’hui dans l’ordre normal des choses. C’est s’en faire une montagne qui constitue une anormalité. Certes le football n’est pas une science exacte mais sa pratique, le niveau de performances des équipes y impliquées et les confrontations que nous offrent les compétitions, permettent entre autres d’oser des comparaisons, d’évaluer les unes par rapport aux autres et d’établir une hiérarchie qui donne la pleine mesure de ce qui est supposé refléter la valeur d’une formation quelconque. Par exemple, dans une confrontation Allemagne-Namibie, aucune personne sensée n’oserait le pari de la victoire de la Namibie. Mais pourquoi donc? Parce que le parcours sportif et les présupposés rattachés à l’histoire des deux formations n’autorisent pas une telle folie. Une victoire de la Namibie constituerait une exception (ça peut arriver); le principe restant toujours la probable victoire de l’Allemagne (ce qui est une quasi certitude).
La confusion entre valeur intrinsèque des Lions indomptables et leur médiocrité actuelle quant aux résultats attendus d’eux est un leurre difficile à accepter. Ce ne sont pas tant les échecs de cette équipe nationale là qui soulèvent l’ire des camerounais.Mais plutôt la mauvaise gestion de ce sport, l’impunité de ses décideurs et l’absence de réaction au plus haut niveau de sa remise en ordre de marche normale. Vitrine symbolique de tout ce qu’a été et peut être la nation camerounaise, ce n’est que logiquement que les Lions indomptables, mal encadrés et mal suivis, sont devenus l’exutoire des mécontentements longtemps contenus. Ils sont notre rêve et la dernière illusion que nous sommes encore un peuple uni. En nous frustrant de victoires, ils réveillent toutes les colères qu’on peut ruminer contre la gouvernance actuelle qui ne s’est pas privée d’instrumenter à des fins inavouées, leurs victoires. Leur en vouloir c’est aussi exprimer tout le mal qu’on pense de ceux-là qui ne font rien pour leur faciliter la tache. Alors trêve d’inutile pression! au-delà de la victoire, reste toujours attendu l’ordre à mettre en place.
Par Edgar Zacharie Yonkeu