Elle est donc vraie, cette histoire qui veut que les Basaas se déplacent toujours avec en poche un papier timbré? Les menaces de foudres judiciaires venant de M. Eto’o, je dois avouer, me laissent songeur. Dans le quartier qui a vu naître notre capitaine et qui, accessoirement, s’enorgueillit de me compter parmi ses fils même si je ne suis devenu qu’un scribe intermittent à CAMFOOT, entre Shell New Bell et l’Église Sainte-Anne de Nkongmondo, on a pourtant une manière bien simple d’aplanir nos différends. On sort et on règle la chose entre hommes. Mano a mano.
Je me rappelle encore, il n’y a pas si longtemps quand même, avoir dit toute mon admiration à M. Eto’o pour la lâcheté exemplaire qu’il avait servie à un de mes confrères irrévérencieux. J’avais même, si mes souvenirs sont exacts, proposé au capitaine quelques trucs concourant à améliorer l’approche, la préparation et l’application d’une lâcheté en règle comme on la pratiquait dans le quartier il y a bien 40 ans.
M. Eto’o nous a agressés physiquement. M. Eto’o a mis en doute notre professionnalisme; il a menacé de nous faire tous virer et, du haut de son magistère du dieu des stades et du trottoir, il a publiquement laissé entendre que nous n’avions pas le droit d’exister. Nous menacer maintenant de nous traîner, fers aux pieds, dans tous les prétoires de la République, c’est petit.
Cela dit, notre capitaine peut bien continuer de ruer dans les brancards et de distraire les gogos, il restera une chose bien claire : M. Eto’o ne nous a pas donné le tiers de la joie qu’il a donnée aux Barcelonais et aux Milanais. M. Eto’o, notre merle blanc, notre diamant et notre or, n’a pas été le capitaine exemplaire que nous espérions sur le terrain et dans les coulisses du pouvoir politique du foot. Nous avions espéré que son talent déteindrait sur ses coéquipiers et qu’il élèverait leur niveau de jeu; nous avons espéré que son aura et sa force de caractère auraient une incidence faste sur la Fécafoot et sur le MINSEP. Rien de cela ne s’est produit. Le règne de M. Eto’o a coïncidé avec le naufrage des Lions. Coïncidence peut-être, mais coïncidence troublante quand même.
Alors, si dire cela revient à vilipender notre capitaine et à exprimer de la haine à son égard, alors, au nom de mes confrères, je bats ma coulpe, je fais acte de contrition, mais je promets de récidiver. Si M. Eto’o n’est pas content, qu’il démissionne maintenant. Se croire persécuté et haï parce qu’on l’aurait associé à M. Milla et à M. Mve est un signe de paranoïa avancée. Notre capitaine me semble trop nerveux pour avoir une chance de gagner le moindre procès pour défaut d’amour de la part des journalistes. Mieux il accepte de nous rencontrer à Yorro, derrière les rails, à Nkongmondo. Là, il aurait une chance.