L’on ne cessera de s’interroger sur les raisons de ce qui transparait déjà comme l’échec collectif des équipes africaines en coupe du monde en général et à la première coupe organisée en terre africaine en particulier. Nous avons déjà trouvé des boucs émissaires à cet échec : Les joueurs et leur égo, les entraineurs et leur incompétence, les arbitres qui font partie d’un complot international contre l’Afrique etc. Cessons de nous prévaloir de nos propres turpitudes.
Accuser les autres est un exercice trop facile. On ne peut pas accuser nos adversaires pour nos défauts. Ce n’est pas la faute aux autres si les joueurs africains ne peuvent pas tirer le ballon proprement, se positionner en défense ou tenir leurs vis-à-vis en respectant la discipline tactique. Toutes les autres équipes du monde entier savent déjà compter sur le manque de discipline tactique de nos équipes pour nous battre. Les schémas tactiques ne servent à rien s’ils ne sont pas respectés à la lettre. Il n’y a aucun complot contre les africains à cette coupe du monde 2010. Nous payons cash nos tâtonnements sur le plan de la formation de nos footballeurs et de nos entraineurs, de la gestion des hommes et des compétitions (encadreurs techniques et joueurs), et nos tâtonnements récurrents en terme de gestion des fédérations, des équipes nationales et bien sure la CAF.
Les insuffisances des fédérations africaines
En plus des problèmes de gestion qui sont largement documentés, il n’existe aucun véritable programme de formation des joueurs africains tel qu’on en connait sous d’autres cieux. La formation des athlètes est passée, il y a de cela longtemps, des simple exercices physiques auxquels nous sommes encore habitués en Afrique à des programmes académiques fondés sur des bases scientifiques. Le football est devenu une science partout dans le monde, sauf en Afrique. Les équipes africaines ne comprennent rien quant à l’importance de la discipline tactique en football. Plus nous avons des joueurs professionnels, moins nos équipes sont disciplinées tactiquement. Nos résultats vont decrescendo depuis 1990. Comment pouvons-nous gagner quand certains joueurs marchent tranquillement sur l’aire de jeu pendant que l’équipe est en plein mouvement offensif ou défensif? Comment comprendre que nos joueurs s’isolent sur l’aire de jeu alors que nous sommes en phase défensive et submergés par des attaquants adverses ? En cela, les Etats-Unis et même la Corée du Nord ont beaucoup à nous apprendre. Comment expliquer que nos joueurs n’arrivent pas à faire des centres en retrait effectifs ?
Nos centres de formation devraient former des jeunes joueurs non seulement à la technique de jeu (passes courtes et longues, réception de balle, amorti, tacles propres, relance, tir-au-but, centre en retrait etc.), mais aussi au sens de la discipline tactique qui nous fait cruellement défaut. Nos joueurs ne savent même pas tirer au but. (Nous l’avons bien vu pendant le premier tour de cette coupe du monde 2010 et pendant la CAN 2010). Cela devient pénible de nous voir jouer, et ce n’est pas le propre de la seule équipe camerounaise. La majorité des équipes africaines pèchent dans ce registre. Le talent naturel tout seul ne suffit plus. Regardez les autres équipes en coupe du monde. Tous leurs joueurs ont la capacité technique de tirer quand ils se sont près des buts adverses, et ceci dans toutes les positions. Ce n’est pas une question de talent naturel, mais une question de technique. La technique, elle s’apprend.
La CAF
La CAF organise désormais les compétitions toutes les années, comme si une tous les deux ans n’en étaient pas déjà trop. Quand est ce que les équipes nationales auront le temps de préparer ces compétitions ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la CAN ne prépare pas les équipes Africaines à la coupe du monde ou aux autres compétitions intercontinentales. La Coupe du Monde 2010 en est la preuve. Le spectacle que nos équipes africaines offrent n’est pas très différent de celui dont nous avons eu droit pendant la CAN 2010.
Entre 2010 et 2014, nous aurons droit à au moins 3 CANs et 2 CHANs. C’est un trop plein de compétition qui contribue à les dévaluer. Imaginez la coupe du monde se jouant toutes les 2 ans ! On accuse la pluie pour justifier ce désastre, comme s’il ne pleuvait qu’en Afrique. Les équipes africaines auront-elles du temps pour se préparer véritablement pour ces compétitions ? A peine le tournoi qualificatif pour la coupe du monde terminé (en Novembre) les équipes sont appelées à disputer la CAN en Janvier, et la coupe du monde en Juin.
L’instabilité des entraineurs
Le trop plein de compétitions internationales pour les équipes africaines poussent les fédérations et les fans à exiger des résultats immédiats de leurs équipes et leurs entraineurs. Par conséquent, les staffs techniques changent tous les six mois, ce qui fait que les équipes africaines (à l’exception des équipes Egyptienne et Sud Africaine par exemple) ne sont toutes que des ramassis de joueurs qui n’on rien en commun entre eux par ce qu’ils n’ont jamais eu le temps de s’entrainer ensemble, en tout cas, pas assez pour créer les automatismes et l’entente entre joueurs et compartiment qui sont la fondation de toutes les grandes équipes. En plus, ces équipes sont généralement dirigées par des entraineurs qui connaissent à peine leurs joueurs.
Le manque d’infrastructures
On ne cesse de décrier ce problème. Il ne s’agit pas de construire des cathédrales comme le Soccer City Stadium de Johannesburg. Il s’agit tout simplement d’avoir des aires de jeux viables et gazonnes, propres à la pratique du football. On n’est pas étonné que nos joueurs aient des difficultés à faire des passes simples sur gazon quand ils sont habitués à jouer sur les terrains rocailleux où le ballon prend souvent des trajectoires imprévues.
Au final, on échoue toujours en compétition intercontinentale. Rappelez-vous qu’en 1988, les Lions ont passé plus de deux semaines en France avant de remporter la CAN. En 1990, ils ont passé plus d’un mois en Yougoslavie en préparation de la coupe du monde. Aujourd’hui nous croyons fermement qu’avec nos joueurs professionnels, nous pouvons réduire ce temps de préparation à quelques jours, et nous sommes les premiers étonnés des mauvais résultats
Au vu de toutes nos insuffisances, on ne saurait se préparer en 15 jours et espérer battre des équipes qui se sont préparées depuis au moins six mois.