Stéphane Mbia, il n’y a aucun doute, sait taper dans un ballon. Reconnaissons-le tout de suite, avant qu’il nous réassène ad nauseam cette vérité qui, on a tendance à l’oublier, s’impose à tous dans toute sa splendeur. Il n’y a sans doute rien de mal à reconnaître sa valeur et, surtout, à s’assurer que le monde entier se prosterne et se pâme devant tant de talent et de munificence.
Dieu fait bien les choses ; qu’il soit donc à jamais loué pour le cadeau qu’il a fait au Cameroun sous la forme d’un footballeur qui aurait aisément, s’il l’avait voulu, inventé la pénicilline.
J’admets volontiers que je n’ai aucun ego. Je ne suis donc pas la personne indiquée pour battre froid à un compatriote qui en aurait et qui tiendrait à ce que cela se sache. Cela dit, je peux oser prétendre que l’intelligence n’est pas une vertu particulièrement utile ni largement utilisée dans le monde du foot. Ce qui revient à dire, en fait, que ceux qui en possèdent ont un atout supplémentaire à faire valoir et, pourquoi pas, à monnayer. Je dois également dire aussi que j’ai rencontré beaucoup de footballeurs incapables de mâcher du chewing gum et de penser en même temps . Ce qui ne veut rien dire, évidemment, l’intelligence étant une question de niveau.
Il est de l’intelligence comme de l’amour : en parler, ça va ; faire, c’est beaucoup mieux. Une pratique courante de l’intelligence voudrait qu’on ne morde pas constamment la main qui vous nourrit, qu’on n’exprime pas ouvertement le souhait de quitter sa maison pour s’installer chez le voisin, qu’on se garde d’embarrasser ses coéquipiers et ses employeurs en les traitant de minus, qu’on ne chante pas des louanges à sa propre personne à toute occasion.
Il m’est arrivé, à une occasion au moins, de voir Djemba Djemba en pensant à Stéphane. C’était méchant ; je l’avoue et je demande pardon. On ne peut pas comparer Stéphane Mbia à celui que la presse britannique a flétri comme le pire recrutement de Sir Alex. Mais bon, on ne sait jamais, n’est-ce pas ?
Mais on peut penser à Ophélie, l’héroïne de Shakespeare, éconduite par Hamlet et qui, délaissée, s’était noyée dans un ruisseau. Une fin de vie lamentable dans l’abandon, parce que Ophélie avait trop tiré sur la corde et qu’elle n’avait pas eu l’intelligence de voir qu’elle s’aliénait le monde entier. Ophélie n’est pas un exemple positif pour notre gloire montante.