Le 16 août 2016, deux accords de financement étaient signés pour financer la construction du complexe sportif d’Olembé. D’un coût de 163 milliards de F CFA, sa construction devait durer 30 mois, sous la conduite du groupe italien Piccini. Ces accords portaient sur un total de 139 milliards de F CFA, financés à travers une ligne de crédit apportée par le groupe bancaire italien Intesa San Paolo Group.
Le gouvernement camerounais devait apporter une participation de 24,5 milliards de F CFA, financée grâce à un prêt de Union Bank for Africa Cameroon (filiale du nigérian Oceanic Bank International, qui a été racheté par le groupe panafricain Ecobank en 2011).
Face à l’urgence de la CAN 2019, le président Paul BIYA, s’engagea fermement et ordonna que toutes les dispositions soient prises pour être prêts « Le jour dit ». Mais occupé qu’il est, il ne trouva jamais le temps de faire une descente sur le terrain, pour un projet et un endettement qui engagent le Cameroun sur plusieurs décennies et plusieurs générations.
La guerre des nerfs était lancée. Les autorités camerounaises, à renfort de publicité, se présentaient dans tous les médias pour rassurer et marteler le message du Chef de l’Etat. On se souvient tout de la déclaration légendaire du Ministre BIDOUNG qui disait le Chef de l’Etat ne fait pas des vœux, mais donne des ordres et que le Cameroun sera prêt le jour dit. Le groupe italien PICCINI, pour faire dans l’urgence importa des bateaux entiers de préfabriqués qui auraient pu être faits au Cameroun et qui auraient donné un peu de travail à la jeunesse désœuvrée et booster l’économie.
Depuis le retrait de la CAN au Cameroun le 30 novembre 2018, la réalité est hideuse, elle est dure, mais elle est là. Le chantier d’Olembé a été abandonné depuis des mois. Il y a eu des grèves à répétitions des ouvriers qui réclamaient le paiement de leurs arriérés de salaires. A l’évidence, les financements manquent, pour relancer les machines. De plus, un parfum de gros détournements a embaumé la capitale camerounaise. Le projet lancé en mars 2017 et censé s’achever en septembre 2018 piétine.
Le ministre des Finances, Louis Paul MOTAZE a eu un entretien le 24 juillet 2019 à Yaoundé, avec Makonnen ASMARON, président du Conseil d’administration de PICCINI. « C’était pour rassurer le ministre que nous allons terminer les travaux avant la fin de l’année 2019 », a-t-il déclaré à la presse. Mais la réalité c’est que le gouvernement a fait recours à plusieurs banques à travers la signature d’une convention de cautionnement pour que PICCINI obtienne le financement nécessaire pour la relance des travaux du complexe d’Olembé.
Les fonds recherchés actuellement sont-ils liés au financement du Groupe PICCINI ou à la participation du Cameroun ? Le Cameroun a t-il déjà débloqué des fonds ? Combien ? Comment les différents fonds sont-ils gérés ? Le budget prévisionnel de départ sera-t-il respecté ?
Comment un pays à qui on a confié l’organisation de la CAN en 2014 a dû attendre 2017 pour commencer les travaux ? Qui n’a pas fait quoi pour que le jour dit devienne le jour de la honte ?
A Garoua aussi tout est à l’arrêt. Bafoussam n’est pas plus avancé. En l’état actuel, peut-on certifier que tous les chantiers seront achevés pour le CHAN 2020 ? Personne n’en sait rien. Et personne n’est inquiet. Espérons qu’on sera prêt le nouveau jour dit.
Claude KANA
Historien du football