Nous sommes à deux mois de la Coupe du Monde de football, et la plupart des équipes qualifiées savent à quelques exceptions près quel est l’effectif qui aura le bonheur de fouler les pelouses sud-africaines. Il en est ainsi de nos Lions Indomptables, dont les connaisseurs arrivent d’ores et déjà à dessiner le noyau autour duquel Paul Le Guen construira son groupe. En ce qui concerne les postes vacants, il semble que les joueurs potentiellement « sélectionnables » aient décidé de compliquer le choix au coach des Lions Indomptables.
Depuis l’arrivée de Paul Le Guen, on constate que l’équipe nationale est un chantier permanent. Le Breton cherche son équipe-type. Faute de match de référence, il a été obligé d’agir secteur par secteur, voire au cas par cas.
Ainsi, il y a eu le chantier de la défense, avec la question cruciale du remplacement de Rigobert Song. Il fallut ensuite se pencher sur la question délicate de l’arrière droit, pour pallier derechef le départ de Geremi. La troisième tranche, comme on dit chez nous, fut celle du milieu de terrain. On sait aujourd’hui que le chantier ne sera pas achevé tant que deux problèmes ne seront pas résolus : la transmission entre le milieu et l’attaque, et la finition.
Pour dire les choses comme elles sont, tant que la liste des 23 ne sera pas arrêtée, chaque joueur de football possédant un passeport camerounais et capable de dribbler et de marquer garde l’espoir de participer à la Coupe du Monde 2010. Pour y arriver, une seule solution : attirer l’attention du sélectionneur. Par quel moyen ? On pourrait dire « d’une façon ou d’une autre ». En réalité, j’ai remarqué qu’il y avait deux catégories de joueurs : ceux qui utilisent la presse pour parler et faire parler d’eux, que j’appellerai « les qualifiés par la voie orale » si jamais ils arrivaient à leurs fins ; et ceux qui se sont mis à faire parler la poudre sur le terrain en marquant but sur but, qu’on nommera « les qualifiés par la voie royale. »
Florilège…
Dans la catégorie des « candidats par la voie orale », nous classons des joueurs de football dont on n’avait aucune nouvelle depuis un moment, et qui surgissent du néant, comme par enchantement, pour offrir à l’Equipe Nationale du Cameroun une sérénade certes émouvante, mais qui me laisse songeur.
C’est Lauren Etame Mayer qui a dégainé le premier. Eh oui, je parle bien de ce héros de la période 2000, le métronome du côté droit des Lions Indomptables qui a forcé notre admiration et qui a contribué à tracer un chemin de gloire de Lagos à Bamako en passant par Sydney. Près de sept ans après avoir tourné le dos aux Lions Indomptables, le Kribien s’est fendu des propos suivants : « Je crois que jouer la Coupe du monde en Afrique, pour un africain, c’est quelque chose de fantastique. […] Ce serait une fin de carrière fantastique pour moi. » (Journal Mutations, 5 juin 2008).
Si ce n’est pas un acte de candidature, ça y ressemble furieusement. Bon, soyons honnêtes et reconnaissons que ces propos commencent à dater, et que le joueur a peut-être renoncé, depuis 2008, à son ultime rêve. Cependant, je ne parierais pas là-dessus.
Notre deuxième candidat « par la voie orale » se nomme Joseph Désiré Job. Le Lion Indomptable, qui a signé au mois de mars dernier un contrat de 4 mois avec le leader de la Deuxième Division belge, estime qu’il garde toutes ses chances avec les Lions : « j’ai des qualités pour être titulaire tout comme pour être doublure d’un joueur en cas de blessure. Je constate que l’équipe nationale est en plein chantier. C’est pour cela que le coach Paul Le Guen est entrain de sillonner les championnats européens pour compléter son équipe. J’ai toujours ma chance avec les Lions et je reste optimiste parce que je sais qu’on juge le maçon au pied du mur. » (Journal Mutations, le 25 mars 2010)
Paul Le Guen est averti : Job cherche un job, de préférence du côté de Johannesburg.
Le trio des nominés dans cette catégorie sera bouclé quand j’aurai cité Alain Mosely Nkong, qui joue en ce moment au Mexique. Le bourreau des Ghanéens à Ohene Djan Stadium le 17 février 2008 veut reprendre du service : « j’ai ma place dans cette équipe, tout ce qui manque c’est une convocation de la part de notre sélectionneur. Je veux juste être supervisé et observé, je pense que j’ai assez prouvé pour qu’on m’estime sélectionnable chez les lions. » (camer-port.be, le 30 mars 2010)
On ne peut être plus clair ! Décidément, ce joueur n’a pas usurpé son surnom, c’est un vrai « Cerveau ».
Dans l’autre catégorie, nous retrouvons ces joueurs, silencieux devant les micros, mais qui ont décidé de se faire remarquer par Paul Le Guen grâce leurs réalisations sur le terrain.
Ainsi, Achille Webo s’est brusquement transformé en terreur des surfaces. Il marque un but face à Gijon le 7 mars et il récidive face à Almeria le 4 avril. Rappelons que le natif de Bafoussam sortait d’une longue, très longue disette : il n’avait marqué que trois buts depuis le début de la saison, dont un sur penalty. Il fallait qu’une certaine échéance approche pour qu’il appuie sur l’accélérateur. Dignus est intrare.
On a aussi (enfin !) des nouvelles du Portugal, où Albert Meyong Zé a réalisé, le 2 avril dernier, rien moins qu’un doublé. Certes, sur penalties, mais doublé quand même. Mis sur la touche grâce à sa prestation invisible lors du match amical Angola-Cameroun (14 octobre 2009), le bragista signale par ce clin d’œil qu’il « est là », comme on dit au pays.
L’espace manque pour pouvoir tous les citer (signalons cependant la belle régularité de Maxime Choupo-Moting de Nuremberg, et l’exceptionnel Aboubakar Vincent de Cotonsport de Garoua), mais force est de constater que les attaquants camerounais font régulièrement parler la poudre ces jours-ci. Le dernier en date est Alfred Mfongang, qui évolue à l’AS Vita Club du Congo et qui vient à lui seul d’éliminer de la Coupe de la CAF la Panthère Sportive du Ndé, grâce à son triplé en match retour des seizièmes de finale (3 avril 2010 à Kinshasa).
Qui a dit que le Cameroun manquait de buteurs ?
Atango, Paris