Lorsque le banditisme s’invite à un haut niveau de gestion des affaires publiques, on a envie d’écraser une larme. Lorsqu’on donne l’impression en ayant le pouvoir d’avoir peur de prendre des décisions, on est en pleine débandade. Aujourd’hui, je suis convaincu que les menaces de boycott de la finale de la Coupe du Cameroun de football par Fovu de Baham, ont ébranlé la Fécafoot, moi qui la croyait si indifférente à une gesticulation, moi qui, de ma position de journaliste, voyait très bien qu’elle n’avait aucune chance d’aboutir.
Mais la Fécafoot a eu la cécité de penser que la menace allait être mise en exécution au point de se livrer à un bal épistolaire. Elle a été victime d’un nanisme intellectuel dans sa démarche alors que c’était une lapalissade, que Fovu de Baham voulait simplement se faire entendre et attirer l’attention de tous sur ce que le club de la grotte sacrée considère comme une injustice.
Fovu de Baham a réussi son coup. Le Ministre des sports est rentré dans la danse en demandant à la Fécafoot de réexaminer le dossier. Le Chef de l’Etat a tourné le dos à l’évènement et dans les cercles fermés, on soutient mordicus que son absence est liée à l’imbroglio autour de « l’affaire Fovu de Baham ».
Mais là où Fovu a davantage réussi, c’est de pousser la Fécafoot à la faute et de démontrer que cette institution fonctionne avec la peur, les humeurs et la lâcheté. Lorsque l’affaire Fovu commence à prendre de l’ampleur et que le club laisse circuler les rumeurs de boycott de la finale de la Coupe du Cameroun, la Fécafoot se précipite à lui envoyer une lettre ultimatum où elle exige un engagement du club à jouer la finale. Le club répond par l’affirmative et attend l’imminence de la finale pour amplifier une autre rumeur de boycott. En fait, elle malmène une Fécafoot sans repères et complètement désemparée. Pourquoi la Fécafoot s’est-elle laissée entrainée dans une sorte de danse Bafia par Fovu de Baham ? Au point de s’enrhumer à son moindre éternuement ! En plus en répondant à Dieudonné Kamdem, Iya Mohammed avait eu la lucidité de dire que l’affaire était close au niveau de la Fécafoot et que seul le Tribunal Arbitral du Sport(TAS) pouvait encore se pencher sur la question.
Comment donc, la même Fécafoot, certes engluée dans la panique, a commis la maladresse de remettre en question la correspondance de Iya Mohammed, en décidant d’accepter de rouvrir le dossier Fovu de Baham ? Cette hésitation impose une grille de lecture.
D’abord, au moment où Iya Mohammed écrit que seul le TAS a compétence pour se pencher sur le dossier, il sait que toutes les voies de recours ne sont pas encore épuisées au niveau de la Fécafoot. Donc il ne pouvait être sincère. Ensuite en demandant à Fovu de Baham de jouer et que son dossier devait être réexaminé, il avait l’obligation avec son comité exécutif, de trouver de nouveaux arguments pour confirmer la décision antérieure ou à défaut de la réaménager. Procéder autrement ressemble à de la filouterie, une façon d’apaiser une peur, de laisser passer la tempête, pour remettre les mêmes excréments dans les torrents.
C’est inélégant pour une institution de ce niveau. Enfin, accepter sans rien dire à la demande du Ministre des Sports de rouvrir le dossier, et donner l’impression de ne pas l’avoir écouté, c’est non seulement de l’insoumission, mais négliger la dimension politique de l’affaire, voulue par la Fécafoot elle-même.
En bref, dans cette affaire, la Fécafoot a procédé exactement comme un malfrat, pris en flagrant délit, menotté aux mains et aux pieds, qui demande à être détaché pour se mettre à l’aise, et qui s’échappe par naïveté de ses gardes de corps. En procédant ainsi et si les dirigeants de Fovu de Baham gardent la lucidité dans le processus de défense, la Fécafoot se met davantage en difficulté. La saisine du Tribunal Arbitral du Sport étant suspensive, Fovu de Baham a donc la possibilité de bloquer pendant quelque temps, l’Elite One.
Maintenant, il ya la filouterie d’un côté et la naïveté de l’autre. Fovu de Baham a joué avec le feu des hésitations et des atermoiements, en acceptant d’affilier le club en Elite Two et s’est retrouvé être le Corbeau dans une fable avec le renard. « Tout flatteur vit aux dépends de celui qui l’écoute ».
Fovu de Baham n’aurait pas eu le courage de boycotter la finale de la Coupe du Cameroun, mais elle a donné l’impression d’avoir changé d’avis par rapport à la décision de la Fécafoot de rouvrir le dossier. Il a été pris à son propre piège. Mais la Fécafoot a-t-elle le droit d’adopter un comportement voyou pour satisfaire les égos des uns et des autres ? En procédant de la sorte en tout cas, elle a décidé d’écorner davantage son image qui n’était pas loin des caniveaux à l’Ouest Cameroun. Et c’est ce qui rend plus politique et plus sensible encore cette affaire. Il est possible que la Fécafoot ait des bonnes raisons pour sanctionner Fovu, mais ses hésitations multiples ont fini par décrédibiliser sa démarche et coller à cette affaire une étiquette « d’acharnement ». Et maintenant ?