Les mêmes analystes parient sur le temps de liberté de mouvement qu’il reste encore au patron de la société cotonnière, et ne voient plus en ces rares apparitions publiques que celles d’un « mort ambulant ».
Là où le bât pourrait cependant blesser dans la diatribe de Cavayé Yéguié Djibril, c’est lorsqu’il argumente que l’une des causes de la décadence de la Sodécoton est liée à son attribution à des hommes indisponibles car « partagés entre des passions multiples ». D’où une gestion du coton camerounais « en dilettante ou à distance, à partir de lointaines arènes ». Allusion claire aux différents théâtres nationaux et internationaux, où le football, dont s’occupe parallèlement Iya Mohammed, défend les couleurs du Cameroun.
Cette affirmation serait crédible si le président de la Fécafoot était reconnu pour son dévouement au football national. S’il lui consacrait effectivement le temps qu’il vole à la Sodécoton. Or, il est de notoriété publique que le football n’a jamais été la tasse de thé de son président. Qu’il n’est arrivé à la Fécafoot que par une conjonction hasardeuse du destin. Qu’il n’affectionne cette activité subsidiaire que parce qu’elle lui permet de s’asseoir à côté des plus grands de ce monde, en jouissant de ses honneurs et de ses privilèges. Il ne s’est jamais creusé les méninges pour assurer à cette discipline et à ses acteurs le moindre bien-être. Iya n’a d’égards pour le football que pour son immense manne qu’on peut manger en toute sérénité et impunité.
Iya Mohammed n’est pas tombé dans la marmite du football dès sa naissance. Il ne comprend d’ailleurs pas grand-chose aux grandes stratégies pour sa promotion ou son développement. S’il est un Directeur général fantomatique à la société cotonnière de Garoua, il est plus fantoche encore à l’association de football où il n’opère que par l’entremise de sbires auto proclamés et de tyranneaux qui, profitant de son inconsistance et de son inertie, ont accaparé chacun un pan d’autorité qu’ils exercent à des fins personnelles. Au grand dam de la maison. Ils ne vouent alors à l’«al hadji » qu’un respect de façade, et se gaussent de sa versatilité, de sa malléabilité, de son manque de rigueur. C’est une marionnette dont ils se servent, qui comme une catapulte pour des ambitions personnelles qui comme un rempart à ses inconduites.
Que Iya Mohammed soit improductif à la Sodécoton n’est nullement le fait d’un débordement à Tsinga : c’est un bien bel hommage immérité, qui pourrait lui servir de bouclier à une incurie à gérer longtemps avérée.
Jean-Lambert Nang