Le tout re-nouveau sélectionneur des Lions semble avoir pour principale stratégie le retour de M. Eto’o dans l’équipe nationale. C’est une stratégie qui en vaut une autre dans les circonstances de grande disette dont nous souffrons sur le front du talent et de l’aptitude toute relative de l’impétrant à organiser une tactique gagnante crédible.
En faisant donner Etoudi et la Primature pendant la ènième crisette sur le terrain du foot, M. Akono ne fait que confirmer la douloureuse mainmise de l’État du Cameroun sur une discipline sportive qui n’est ni pratiquée par le plus grand nombre de Camerounais, ni source de revenu pour le plus grand nombre, ni génératrice d’une rente susceptible d’impulser un développement généralisé.
Aucun État moderne n’organise des battues hors frontières pour rencontrer des footballeurs ; aucun Premier ministre d’un État moderne ne consacre son temps à materner des vedettes en fer blanc bouffies de suffisance parce que, voyez-vous, « elles font beaucoup pour le pays » ; aucun ministre d’un État moderne ne recrute des entraîneurs de foot ; aucun État moderne n’envoie des dizaines de fonctionnaires, à même les ressources publiques, jusqu’à Sfax pour suivre un vulgaire match de foot.
Et on s’étonne que ça aille si mal chez nous. Et lorsqu’on ne s’étonne pas, on cogne inconsidérément sur le ventre mou du système, à savoir la Fédération camerounaise de football. Qui n’a voix au chapitre nulle part où ça compte mais, qui, Allah est grand, dispose à Zurich d’un protecteur bien plus puissant que beaucoup de nos grands qui roulent les mécaniques à Yaoundé. M. Iya fait le dos rond, reçoit les coups et attend que ça casse. Qu’a-t-il d’autre à faire, de toute façon, puisque l’État a décidé de faire son travail à sa place ?
Revenant à M. Eto’o, notre capitaine, bien que largement charmé par la sirène de la désertion, peut reprendre du service et nous aider sur le terrain de la gouvernance. J’ai appris à apprécier la fibre sociale qui anime M. Eto’o et son intérêt pour le bien-être de ses compatriotes. Le problème que vit le football camerounais est largement dû à l’activisme mal placé de l’État et aux intérêts interlopes de fonctionnaires. M. Eto’o le sait et il peut, en refusant de se prêter aux gesticulations des divers messieurs bons offices qui cognent à sa porte, dire à M. Yang et à M. Garoua que le football n’est pas affaire d’État et ne doit donc pas accaparer autant de ressources publiques.