Les gens sont méchants, vous savez ? Prenez la ville d’Edéa, par exemple, et demandez-vous quand vous vous êtes arrêté là, vous l’amateur de football et le défenseur des Lions indomptables, juste comme ça, le temps de humer l’air et de visiter par exemple le Stade municipal ou l’excellent terrain vague qui se trouve juste en face de la gare de Camrail, sur l’axe lourd. Jamais, n’est-ce pas ? Et pourtant ! Suivez-moi.
Edéa direction Yaoundé, vers l’est donc. Pouma est à une quarantaine de kilomètres. Prenez la direction ouest vers Sakbayemé et la Sanaga. SongMbengué est à une quinzaine de kilomètres. Ici, vous avez le choix. Tout droit, Ngambé est à 28 kilomètres en passant par SongBell. Légèrement à droite, de l’autre côté de la rivière Imang, restez sur votre gauche. La cuisine où ma mère officiait à Sipandang est exactement à 18 kilomètres après LogMassing. Les Massing sont la seule famille que je connaisse qui occupe les deux côtés d’une même route qui traverse le village.
Laissons Edéa, si vous voulez ; c’est juste un point de départ, même si mes plus vieux lecteurs m’en voudront de ne pas faire grand cas d’un certain Moutassié et de l’Union d’Edéa de leurs jeunes années. Les frères Biyick, à Pouma et Benjamin Massing à LogMassing, à SongMbengué donc, sont à un jet de pierre de la maison de la grand’mère de Samuel Eto’o Fils (elle est marron et rose) ; ils sont aussi pratiquement voisins de Joseph Antoine Bell, légèrement vers l’ouest, et de Pagal et de Billong Pensée, du côté de Sipandang et des LogHéga.
Ces noms dont pas un ne mourra sont issus d’un petit coin de notre pays qui serait Fatima, Lourdes ou même Nsimalen si les fans des Lions avaient la foi.
Mais aucune amertume sur le visage de Benjamin Massing, que j’ai retrouvé entouré d’amis et de parents à son bar, le Refuge du Vieux Lion, un refuge fait de bric et de broc qui ne paie pas de mine, juste à côté du Stade municipal d’Edéa. Toujours aussi terrifiant de calme et de puissance, ralenti sans doute par l’inactivité et l’embonpoint, le président de la Ligue de football de la Sanaga-Maritime n’a rien perdu ni de sa gentillesse ni de sa douceur.