Sous peine d’être encore une fois flétri de dénigrement maladif des Lions ou d’algarade injuste, ce billet ne nourrit pourtant que l’ambition de mettre à l’index les complices de l’anarchie footballistique au pays et de préparer les esprits, dans la certitude que l’impréparation, la paresse et l’inconséquence qui colorent la gestion de notre football vont persister, à l’effondrement à terme des Lions. Le regroupement de Vichy n’est certes qu’une saynète parmi la multitude de comédies plus ou moins bouffonnes auxquelles nous avons été forcés d’assister ces cinq dernières années, mais il est significatif à un titre majeur.
Un sélectionneur des Lions a, pour la première fois, le temps, les ressources et surtout les coudées franches, pour donner corps à son équipe. M. Clemente n’est pas poussé à la précipitation par une échéance décisive comme le Guen l’a été ; il n’est pas, contrairement à Otto Pfister, soumis aux brimades et aux humiliations venant de M. Milla, de M. Iya ou de M. Edjoa. Il dispose de deux adjoints de qualité.
Pourquoi alors ressemble-t-il de plus en plus à un scalaire dans un aquarium ? Parce que notre coach n’a aucune idée non seulement de la direction qu’il veut donner aux lions, mais pire encore, de la marque qu’il peut imprimer à cette équipe. Je ne crois pas que la principale mission qui a été confiée au petit Basque soit de nous qualifier à la CAN. Je sais bien que l’ambition au Cameroun n’est plus ce qu’on croit, mais quand même ! Clemente a été recruté pour nous aider à retrouver un niveau respectable à court et à moyen terme.
A cet égard, le regroupement de Vichy est un vice de forme patent. Et le vice de forme nuit toujours à la substance, au fond. On ne bâtit pas une équipe compétitive en regroupant les joueurs ; on bâtit une équipe en soumettant ses membres à la compétition active. C’est comme cela qu’on « supervise » les joueurs, qu’on découvre des talents et qu’on esquisse des combinaisons et des stratégies. Quel intérêt y a-t-il donc à inviter Mbami, Itandje, Somen, Webo, Matoukou et d’autres ? Pour voir ce qu’ils ont dans le ventre ? Parce qu’on ne le sait pas ? Pense-t-on vraiment qu’en quelques jours Angbwa va nous prouver que le problème de latéral droit est résolu ? Que Mathias Tchago va se révéler comme le merle blanc qu’on attend depuis si longtemps ?
Il est important, dans toute entreprise humaine, de définir un cap et de montrer qu’on tient ce cap. Qu’on nous bassine avec la reconstruction, la remise à niveau ou la consolidation des acquis, soit, mais qu’on en finisse avec la palinodie éternelle, les atermoiements et les improvisations. Clemente a le devoir d’enterrer au plus profond de la terre l’époque des Webo, Mbami,Matoukou et autres. Ces footballeurs ont fait ce qu’ils ont pu faire ; il n’y a rien de nouveau ni de particulièrement reluisant à en attendre. Si notre coach n’a aucune autre idée sur le destin des Lions, qu’il s’en aille.
Et à cet égard, on aimerait tellement croire que la Fédération camerounaise de football veille et qu’elle a la volonté de recadrer l’action du sélectionneur. En l’absence de match amical, la période FIFA n’aurait-elle pas été propice à un regroupement, au Cameroun plutôt que dans ce bourg inutile mouillé par les eaux livides de l’Allier,de la direction du football national et, surtout, de l’encadrement des Lions ? Réfléchir, planifier, investir sont-ils à jamais éliminés de nos préoccupations ?