Le football camerounais se porte plutôt bien, même s’il souffre d’une forme de schizophrénie structurelle qui a conduit à ce que son fonctionnement à l’intérieur des frontières soit quasi végétatif alors qu’à l’extérieur ses enfants font le bonheur des plus grands clubs du monde.
Le plus représentatif de ces enfants, c’est Samuel Eto’o Fils. Premier Camerounais à atteindre le sommet des classements individuels européens et mondiaux, première véritable grande star mondiale issue du football camerounais, le natif de Nkon a fait les beaux jours du FC Barcelone, l’un des plus grands clubs au monde ; en tout cas celui qui produit le plus beau jeu, et qui ne recrute que la crème des meilleurs.
Ayant participé tout jeune avec les Lions Indomptables aux grands exploits du début des années 2000, il arrive aujourd’hui à sa pleine maturité, et il devient capitaine de l’équipe nationale au moment même où ses derniers compagnons de la saga 2000, plus âgés, quittent la scène.
L’homme a souvent montré qu’il avait un caractère bien trempé. Certains journalistes ont fait les frais de son sens de la répartie, d’autres ont pu apprécier l’impact de sa vivacité physique. Dans les différents vestiaires qu’il a fréquentés, il n’a jamais été le dernier à donner son avis. Sur le terrain, il n’est à l’aise que dans le mouvement, l’organisation, la direction des choses.
Pour toutes ces raisons, il est indéniable que Samuel Eto’o polarise l’attention ; il est normal qu’il suscite le débat ; il est inévitable que ses moindres faits et gestes soient épiés, observés, commentés.
Mais n’en faisons-nous pas trop ? Ne lui accordons-nous pas des pouvoirs, une influence et une attention exagérés ?
Nous avons tous en tête l’échéance qui se profile à l’horizon : la Coupe du Monde. Nous savons aussi quelle est l’actualité du capitaine des Lions Indomptables : il dispute le championnat italien et la Champions League européenne au sein d’une équipe qui ne lui offre pas vraiment les conditions de jeu idéales.
Dans ce double contexte, je dis « pouce ». Baissons la pression. « Laissons le respirer », comme on dit chez nous, et arrêtons de monter en mayonnaise des histoires de vestiaires qui relèvent souvent de la routine la plus plate.
Nous avons tous à y gagner.