C’est vous, Monsieur le Ministre des Sports, qui avez décidé de faire litière, publiquement, d’une ordonnance émise par une institution camerounaise ayant des pouvoirs quasi-judiciaires. C’est une décision grave, je sais que vous le savez, que vous n’avez pu prendre qu’avec l’aval de l’État du Cameroun, soucieux sans doute de préserver une certaine paix sur le front du football. Les raisons qui ont motivé votre décision sont toujours valables et, dois-je vous le rappeler, l’État du Cameroun ne partage son pouvoir souverain au Cameroun avec personne.
La Fécafoot n’appartient pas à la FIFA. C’est une institution publique camerounaise, qui n’existe que parce que l’État du Cameroun le veut, à travers un agrément librement consenti et révocable. Sans l’agrément de l’État, il n’y a pas de Fécafoot, donc pas d’affiliation à la FIFA.
L’heure de la résistance, ou plutôt de l’attaque, a sonné, Monsieur le Ministre. La décision de l’État du Cameroun sur le terrain du football, peu me chaut sa valeur, ne saurait être balayée du revers de la main par une institution internationale. La FIFA n’a qu’une seule option si elle ne peut plus vivre avec la Fécafoot actuelle imposée par l’État : mettre le Cameroun hors-jeu en suspendant notre affiliation. Je vous encourage à ne pas donner à la FIFA la joie de suspendre le Cameroun. Prenez les devants.
Mettez la Fécafoot à mort en retirant son agrément. Coupez le sifflet à cette institution incapable depuis des décennies de se réformer, de se structurer, d’organiser le football national sur des bases modernes et d’accompagner dignement son rayonnement. Cela aurait l’avantage, corrélatif de son défaut, de déclencher immédiatement la suspension de la FIFA. Un seul défaut, en fait : nous ne jouerions pas au football organisé au plan international pendant 24 mois au plus. Hormis ce désagrément passager, un divorce ponctuel avec la FIFA ne présente que des avantages.
Par exemple, il nous offre une sortie nettement honorable des soucis énormes que suscite l’organisation de la CAN à 24 équipes. Cette lourde charge va nous être retirée, cela n’est pas totalement négatif. Au-delà du cocorico national, il faut reconnaître que nous n’avons pas les moyens d’organiser cette CAN. Et, même si nous avions les moyens qu’il faut, il serait sans doute plus sage de les affecter à d’autres fins plus immédiates et plus responsables. Les besoins sont énormes dans notre pays, et jouer au football n’en est pas un.
Ensuite, vous avez l’opportunité d’entrer dans l’histoire du football camerounais en jouant les Tonyè Mbock : rebâtir une Fécafoot nouvelle sur les cendres de l’institution discréditée qui suscite le dégoût chez la plupart des Camerounais et dont les dirigeants sont moqués de tous et raillés dans les chaumières. Une fois secoué le joug de la FIFA, la reconstruction de la Fécafoot peut s’opérer dans la sérénité et sans précipitation. Une ènième normalisation, vous le savez rien, ne mènera à rien. Le temps des cataplasmes est passé. Il faut couper.
Léon Gwod