Il n’est pas question, Monsieur le Président de la Fécafoot, que vous modifiez sans grand motif une décision prise dans les règles par la Commission de discipline légalement instituée par l’institution que vous dirigez. Il n’est pas question que des pressions, quelque insistantes et grotesques qu’elles puissent être, vous contraignent à avaler les couleuvres que la Présidence de la République, par M. Yang interposé, serait en train de vous préparer.
Pour une fois que la Fécafoot prend une décision, sujette à controverse comme toutes les décisions touchant des puissants et des riches quoique solidement ancrée sur des textes et visant des faits avérés, n’ayez pas, je vous en conjure, l’impudence d’accepter, la queue entre les jambes, cette énième avanie que les pouvoirs publics tiennent à vous infliger. Vous consacreriez ainsi la perte totale de la toute petite crédibilité dont jouit encore la Fécafoot. Vous avez été élu, et vous avez prêté serment, je vous rappelle, pour défendre et protéger la Fécafoot.
Le principal intéressé, M. Eto’o, n’a pas fait appel de la sanction qui le touche. Où est donc le problème ? Peut-être parce que quelques agités très bruyants laissent entendre que morigéner notre roi des stades aurait pour effet de donner le branle à un mouvement arabe sur toute la République ? N’importe quoi ! Ce n’est ni par vous ni par le football que le scandale arrivera. Il n’y a jamais rien eu avant M. Eto’o, il n’y aura rien après M. Eto’o. Que ceux qui murmurent continuent de murmurer.
En campant sur un certain quant-à-soi face à sa sanction, M. Eto’o savait bien ce qui allait arriver. Cette attitude de défiance est symptomatique d’une situation que vous et la Fécafoot avez contribué à créer : vous avez perdu le respect des footballeurs et de beaucoup de Camerounais. Moi-même, Monsieur le Président, je méprise largement la façon dont vous menez cette maison, mais je suis forcé de vous défendre parce que je suis convaincu qu’une Fécafoot libérée des ukazes de l’État et mise devant ses responsabilités sans entrave aucune est la seule chance que nous avons de retrouver la respectabilité sur les terrains de football.