Le Cameroun nous a démontré depuis deux ans qu’elle était une équipe fiable, rigoureuse, dangeureuse quand bien préparée, volontaire et volontariste. Nous nous rappellons de la victoire héroique à la Coupe d’Afrique des Nations, victoire arrachée de haute lutte face à des adversaires qui comptaient bien les détrôner.
La présence d’un groupe de joueurs évoluant dans les meilleurs clubs étrangers, l’embauche d’un sélectionneur allemand aux « méthodes rigoureuses » et très « disciplinées » laissaient présager un été très chaud et mouvementé, un été asiatique qui devrait nous redonner cette fierté d’être camerounais que nous avions éprouvé pour les moins âgés à la conquête du sacre malien, et aux victoires de la Coupe du Monde de 1990 pour les autres et qui, selon les plus optimistes devrait se prolonger jusqu’aux petits matins de juillet.
Et ils étaient beaux ces matins ensoleillés de juin 1990 ou, la jubilation et l’extase nous transportaient vers les sommets de la réjouissance jamais égalée. Les coups de klaxon des taximen, les sourires chaleureux des joueurs de damiers, les embrassades tout azimut ne traduisaient que fièrement ce « feeling » qui nous entretenait.
À cette époque, les joueurs étaient des joueurs inconnus des milieux footballistiques huppés. Que ce soit Stephen Tataw l’emblématique capitaine, que ce soit Victor Ndip Akem, Emile Mbouh Mbouh, Jules Onana, Benjamin Massing et j’en passe, ils étaient des joueurs à ne pas avoir touché au bonheur enivrant du football-business; des joueurs qui se dédiaient à leur pays, envers et contre tous; des joueurs qui mettaient de côté, le temps d’un match, d’un tournoi leur difficulté pour faire bloc derrière le drapeau national.
Cette époque semble bien loin aujourd’hui. Pourtant la génération d’aujourd’hui a su nous faire rêver. Elle a su en des moments difficiles donner le meilleur d’elle, nous exciter; nous faire sauter sans y avoir pensé; elle nous a fait douté de la qualité de leurs aînés de 1990. Et pourtant elle a des arguments pour enfin nous convaincre et de manière définitive.
Revenons à cette coupe du monde qui se joue en Asie. Comment pouvons-nous comprendre, malgré la qualité de notre entraîneur, les capacités physiques de nos joueurs et toutes leurs années d’expériences que notre axe central soit si dégarni? Faut-il être martien pour voir que le milieu axial de la défense à l’attaque est un boulevard vide à 5 voies? Faut-il être le meilleur entraîneur du monde pour comprendre qu’il faut pouvoir replacer depuis le banc de touche des âmes éperdus en villégiature sur un terrain? Faut-il être trop intelligent pour voir que certains joueurs jouent malgré des blessures? Faut-il être malin pour comprendre que 10 minutes après le début du match certains joueurs sont déjà épuisés puisque manquant de physique? Faut-il être Einstein pour comprendre que quand l’adversaire bloque les ailes il faut tenter autres chose que de forcer des murs en béton et de balancer des balles d’une imprécision pitoyable? Faut-il être Théphile Abéga pour comprendre qu’un milieu de terrain est fait pour apporter le danger et donner des possibilités aux attaquants? Faut-il être sorcier pour savoir que les démi-défensifs ont pour tâche première de s’occuper de la défensive et non se balader en veille femme enceinte dans les plates-bandes des attaquants? Faut-il être imaginatif pour savoir que quand un joueur est blessé, il se doit d’être honnête et avec lui-même, et avec ses coéquipiers, et avec son pays?
L’équipe technique devra tirer les leçons des deux matchs précedents pour ajuster l’équipe avant son match décisif de mardi. Nous saluons la victoire face à l’Arabie Saoudite; mais ne nous voilons pas les yeux: Il reste un travail énorme à accomplir.
Mr Schaefer est-il prêt à se relever les manches et à se mouiller? Si la réponse est positive, alors nous serons présents et pour longtemps dans cette compétition.
N’en démeure moins que, sans se poser des questions sur les compétences réelles de Schaefer, bien des questions nous viennent à l’esprit. Comment comprendre l’utilisation qu’il fait de ses joueurs? Comment comprendre qu’il se borne à faire confiance aux mêmes éléments match après match quelque soit leur production sur le terrain? Comment comprendre qu’il soit le seul – avec son staff – à ne pas voir le boulevard en plein axe central camerounais. Comment comprendre qu’il priviligie congestionner plus les ailes que l’axe central? Comment comprendre qu’il ne repositionne pas ses poulains sur le terrain?
Mr Schaefer devra se réappliquer à faire passer son message sur le placement et le replacement. Les Lions, mis à part Bill Tchato qui fait un parcours héroique ne comprennent rien du positionnement tactique.
Le milieu à cinq présupose une occupation rationnelle, un engluement et une circulation incessante de l’entrejeu afin de ne cèder aucun espace à l’adversaire. À voir notre milieu fonctionner, on ferait facilement le parallèle avec des momies géantes.
Face à l’Allemagne de Ballack et de Klose, faudra être plus que vigilant. Schaefer se doit d’aligner un autre milieu axial pour supplier Foé, et ce dernier devra s’assurer de la couverture de Ballack. Les attaquants allemands seront esseulés si privés des caviars servi sur un plateau d’argent par ce formidable milieu. Le milieu axial offensif se devra donc d’animer le secteur offensif de l’équipe, afin d’offrir des possibilités à nos attaquants qui ont plus que jamais besoin de balles et non des centres parachutés depuis les hemisphères est ou ouest de je ne sais quelle planète.
Quoiqu’il en soit, l’importance de la rencontre n’est plus à démontrer. Si nous pensons faire un bon parcours, il faudra s’assurer de gagner les meilleurs et en commençant par ceux de mardi.
Les Lions sont capables de se retrouver; de nous fournir le même style de jeu chatôyant de la dernière CAN. Ils sont capables de se surpasser, de se fondre dans le groupe pour le seul bien de leur pays, de leur nation.
Le match de mardi sera un classique.
Et mon voeu et ma certitude? dévinez… Je vous donne rendez-vous pour notre match du 15 juillet.
Marc Ondobo
Metacam, Douala
Cameroun