L’absence de Samuel Eto’o lors de la défaite du Cameroun contre la Serbie ce samedi, conjuguée à son intégration tardive au regroupement des Lions Indomptables et son expulsion contre le Portugal exige d’envisager la possibilité d’une stratégie dans laquelle il aurait un rôle précis. Histoire aussi de lutter contre l’Eto’o dépendance.
L’unique double vainqueur de l’histoire d’un triplé en club successif dans deux championnats de football majeurs se prépare à disputer le Mondial de football, le seul trophée important qui lui manque.
Objectivement, le Cameroun a peu de chances de remporter la victoire finale le 11 juillet prochain. Mais il y a un mince espoir, avec dans leurs rangs un joueur qui par son talent et son palmarès porte très haut le nom de son pays depuis près d’une décennie. Le natif de Nkon est donc, en principe un atout.
Pourtant, son statut de vedette mondiale pose problème en équipe nationale, où il est face à un staff admiratif et des coéquipiers certes professionnels, mais dont la notoriété et l’aura sont bien moins reluisantes. Les complexes aidant, leurs conséquences entrainent souvent des actions et des réactions qui nuisent à la cohésion de l’équipe.
Découlant du statut d’Eto’o, se pose aussi le problème de son utilisation et de sa meilleure position sur le terrain. Le poste qu’il occupe depuis quelques matches en équipe nationale reste flou. Et son extrême discipline tactique sous les ordres de José Mourinho contraste drastiquement avec ce qui ressemble à des errements positionnels à chaque match sous Paul Le Guen.
Dans le meilleur intérêt du Cameroun, une question se pose : quelle serait la façon optimale d’utiliser Samuel Eto’o pour que les Lions Indomptables aillent loin dans la compétition?
L’attaquant(?) de l’Inter Milan est un joueur rapide, percutant, puissant, dribleur, résistant à l’effort et grand buteur. Il est certes encore jeune à 29 ans, au sommet de sa forme. Mais Paul Le Guen aurait intérêt à l’utiliser avec parcimonie. Les futurs adversaires du Cameroun vont tous attendre le 9 Indomptable, et nul doute qu’un plan anti-Eto’o sera mis en place.
Pourquoi ne pas les surprendre en faisant jouer Eto’o une partie des deux matches les moins compliqués en principe, contre le Japon et le Danemark? Il entrerait en jeu en deuxième mi-temps ou durant les trente (30) dernières minutes et débuterait la rencontre contre les Pays-Bas, un match qui pourrait s’avérer décisif, à moins que le Cameroun remporte les deux premières confrontations. Les avantages d’une telle stratégie pourraient être multiples.
Tout d’abord, en anticipant que le Cameroun veut aller loin dans la compétition et croit en ses chances d’y parvenir, ménager Eto’o serait un avantage sur la durée.
On l’utiliserait un peu comme Roger Milla en 90, en sachant que, comme ce dernier qui avait été réintégré à l’équipe sur haute instruction présidentielle, Eto’o a manqué en partie la préparation des Lions.
Cela permettrait de plus aux autres attaquants, Choupo-Moting et Achille Webo prioritairement, de s’exprimer le temps qu’ils sont sur le terrain, de tout donner et d’épuiser les défenses adverses, avant que Samuel Eto’o ne vienne terminer le travail. Achille Emana, qui devrait être placé derrière les attaquants semble également avoir les meilleures chances de débuter. Au moins deux des trois attaquants choisis devront dans tous les cas faire leur part de travail défensif.
Autre avantage, l’Intériste qui a une bonne vision du jeu aurait pendant les premières mi-temps des deux premières rencontres, le temps d’observer les défenseurs adverses dont il saura la vérité du jour en entrant sur le terrain.
Dans la même veine, le staff et Samuel Eto’o – qui a démontré qu’il peut jouer à tous les postes de l’attaque, en défense et même comme milieu offensif – auront le temps d’observer la meilleure position qu’il pourra occuper selon l’évolution du match.
Enfin, en tenant compte de l’ambition de départ, à savoir aller loin dans la compétition, un tel plan permettrait d’avoir un Samuel Eto’o plus frais et dispo pour la deuxième partie de la compétition.
Évidemment, pour que cette stratégie fonctionne, l’entraineur devra former le mur en défense et surtout au milieu en faisant les bons choix. Derrière, en dehors de Nkoulou et Assou Ekotto, rien n’est sûr, même si Gérémi en latéral droit, qui reste le spécialiste des coups de pieds arrêtés et qui a fait une seule erreur avec les Lions, lors de la dernière Coupe d’Afrique mérite encore sa place. Reste le problème de gardien de but, encore plus après le match de Samedi. Ndy Assembe semble condamné à la troisième place et Kameni, malgré ses absences sera certainement le numéro 1.
Le milieu de terrain du Cameroun constitue la force des Lions, avec des joueurs de valeur sensiblement égale. Le Guen pourrait faire davantage tourner son effectif dans ce compartiment, toujours dans la perspective de ménager les joueurs pour la suite de la compétition. Et s’il semble très attaché à Makoun, beaucoup d’observateurs depuis la dernière CAN ont du mal à partager son avis. Alexandre Song et Enoh seraient les priorités ici. Mandjeck sur la droite pourrait faire la paire avec Gérémi Njitap, mais il aura des lacunes évidentes lorsqu’il s’agira de relayer ce dernier en latéral droit quand l’ancien joueur du Racing de Bafoussam montera faire ses centres chirurgicaux.
Pour revenir à Eto’o, comme il a su se faire violence en se sacrifiant pour le collectif dans la poursuite d’un objectif individuel avec l’Inter, il peut pour son bien personnel en faire de même en équipe nationale.
Mon équipe type : (En gras les sûrs)
Kameni
Geremi – Mbia – Nkoulou – Assou
A. Song
Mandjeck – Enoh
Emana
Choupo – Webo