Monsieur le Président, je vous ai vu balbutier à plusieurs reprises devant le monde entier. Cela me navre énormément. Je vous rappelle que votre fonction première est de préserver le statut de la Fécafoot en tant qu’institution, de raffermir sa crédibilité et de défendre ses intérêts devant toutes les juridictions du monde. Vous devez être particulièrement intransigeant face à des attaques ou à des pressions qui sont de nature à entamer non seulement votre prestige personnel, mais surtout l’intégrité de l’institution que vous avez juré de protéger.
Qu’est-ce que vous allez faire maintenant, M. le Président ? Reculer ou, la queue entre les jambes, faire comme si de rien n’était et sauter dans le prochain avion pour vous rendre à une réunion bidon au Vietnam ?
Vous avez sans doute l’impression d’être seul face au tir groupé qui vient de l’intérieur et de l’extérieur. Détrompez-vous. La majeure partie de vos compatriotes estime que les institutions camerounaises doivent être respectées et défendues. Mais pour obtenir leur soutien et leur aval, vous devez non seulement faire les choses comme il faut, mais surtout susciter chez eux la perception que vous faites résolument ce qu’il faut. Que vous faites tout ce qui est possible pour vous imposer et sauvegarder les intérêts de la Fécafoot. Le président de la Fécafoot, M. le Président, doit avoir des « cojones » bien trempés. Si vous ne les avez pas, laissez rapidement la place à quelqu’un d’autre.
En attendant, si vous voulez encore vous battre, je vais vous asséner quelques vérités. D’abord, le TAS n’a pas mis en cause votre privilège d’organiser le foot au Cameroun comme vous le jugez utile. Vous avez été épinglé pour une vulgaire question de procédure. Cela n’est pas rédhibitoire. Par ailleurs, le TAS est un tribunal étranger. Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois savoir qu’une ordonnance d’un tribunal étranger ne saurait être exécutoire au Cameroun sans passer par la procédure d’exequatur. S’il existe une exception pour le TAS ou le Tribunal du Hamas, on nous l’a bien cachée ici à Sipandang. Ce qui ne m’étonnerait d’ailleurs pas.
Il n’est évidemment pas question de faire litière de la décision du TAS, mais rien ne vous empêche, surtout pour la forme, d’appeler un tribunal civil camerounais au secours. Il faut aller au-delà de cette posture en stuc qui veut que les affaires du football soient exclusivement du ressort de chambres d’arbitrage sans muscles ou d’organes extraterritoriaux ou extraterrestres. Cela n’est pas vrai. La compétence d’un tribunal civil camerounais n’est pas limitée par la nature de l’activité à laquelle s’adonne le justiciable au Cameroun.
Ensuite, il y a évidemment le Ministère des Sports. Quoi vous dire que vous ne sachiez déjà ? C’est un joker qui colle aux doigts de tous les patrons du foot au pays et dont vous ne pourrez pas vous défausser aisément. On eût aimé, bien sûr, que notre Ministère, même sur la pointe des pieds, subrepticement, du bout des lèvres ou nuitamment, appuyât la Fécafoot face à cet énième ukase du TAS. Cela n’arrivera pas. Le rapport de forces avec le Ministère, c’est votre problème. Vous avez été élu pour trouver une solution à ce problème, mais vous donnez l’impression de ne pas l’avoir suffisamment compris. Cela vous perdra.
Léon Gwod