La crisette qui secoue le front du football depuis quelques jours ne vaut pas, il me semble, les passions qu’elle déchaîne. La Fédération camerounaise de football, l’organe directeur du football au Cameroun, prend une mesure disciplinaire solidement fondée sur des textes connus, et la rue s’enflamme littéralement.
Les principaux mis en cause se rebiffent et, fort de leur notoriété, sonnent la curée à laquelle se ruent des gogos hurlant les sottises habituelles et convaincus de donner, par l’incantation, l’hallali d’une institution certes méprisable à certains égards, mais néanmoins largement légitime.
De quoi est-il question, au fait ? Du statut et de l’aura de M. Eto’o, le principal incriminé, chef de bande au-dessus de tout et principal instigateur d’une mutinerie ? De la faute commise, claire et avérée ? Ou de la crédibilité de la Fédération camerounaise de football qui, à en croire certains, n’aurait pas la légitimité, pour cause de crédibilité douteuse, de sévir en fonction de textes largement acceptés par toute la communauté footballistique nationale ?
Il faut cesser de prendre l’ombre pour la proie. Une sanction a été prise en fonction d’une procédure bien connue par une institution légalement habilitée à sanctionner. C’est tout. Cette sanction, qui vise une infraction clairement prévue dans les textes, peut faire l’objet d’un appel. Si M. Eto’o refuse de faire appel, c’est qu’il accepte la sentence des juges. A quoi cela sert-il donc de se répandre dans les gazettes et de racoler sur les plateaux de télévision ? Notre capitaine serait-il à la recherche d’un surcroît de sympathie ou de pitié ou peut-être, compte-t-il ainsi chauffer une population depuis longtemps rendue amorphe par les tranquillisants qu’on lui administre ?
Il n’y aura pas de printemps arabe sur le front du foot au Cameroun parce que ce petit mouvement d’humeur, intéressant à bien des égards, ne débouchera pas sur une nouvelle redistribution des forces dans le Landerneau. Les principaux intéressés, les principaux bénéficiaires il faut le dire, les footballeurs, ne veulent surtout pas se mouiller. Entre ceux qui ne veulent rien dire, ceux qui disent qu’ils n’ont pas dit ce qu’ils ont dit et ceux qui rasent les murs, la voix de M. Eto’o, qui a bien souvent couché dans le même lit que M. Mveng et les autres, n’aura pas plus d’effet que celle M. Bell. Le rapport de forces restera toujours nettement favorable à ceux qui ont toujours exhibé les « cojones » les plus vigoureux, c’est-à-dire les fonctionnaires du MINSEP et les rentiers de la Fécafoot.