Le sirupeux ronron dans lequel semble baigner le Comité de normalisation commence à me taper sérieusement sur les nerfs. Elles font quoi donc, toutes ces têtes d’œuf-là ? Pas le moindre petit scandale, pas de petites escapades à Dubrovnik avec petites et grandes, pas d’histoires de primes ni de footballeur abandonné en Ouzbékitan ? Pas de petit chèque oublié par mégarde dans la poche de M. Bell ? Rien ?
Je veux bien que les gens heureux n’aient pas d’histoire, mais là, l’insolent bonheur des professeurs et autres commence à faire un peu jaser dans le landerneau. M. Owona a sans doute découvert les délices de la poésie tibétaine à laquelle il s’adonne désormais pendant que ses faire-valoir peignent la girafe à longueur de journée. Entretemps, le bonnet d’âne de circonstance que continuent de porter ces galopins plusieurs fois redoublants et récidivistes à terme semble avoir complètement bouché leurs oreilles et plombé leur allant. Ces gens-là, ils m’écoutent sans doute, mais il est clair néanmoins qu’ils ne m’entendent pas.
Car sur la foi de l’observation directe, tout continue de se passer comme cela s’est toujours passé : la course au délégué, à la fabrication d’équipes de foot, à la mise au point de plans interlopes, cette course-là est bien lancée. Nous nous dirigeons encore une fois vers un mur et si, Dieu aidant, une élection présidentielle a bien lieu dans un avenir proche, les risques qu’un président mal élu prenne les rênes de la Fécafoot sont bien réels.
Combien de fois avons-nous dit ici que le problème principal à la Fécafoot n’est pas la virgule dans un texte, mais plutôt les conditions d’accès à la fonction de président ? On s’entête, par paresse et par une propension toute camerounaise à toujours créer des poches de corruption, à appliquer une formule qui n’a jamais marché à la satisfaction du grand nombre. Le temps est pourtant bien là de finalement couper le lien entre la fonction de délégué et la fonction de président. Pour quelle raison faut-il absolument que le président de la Fécafoot soit appuyé par des délégués ? Le scrutin de liste est-il vraiment la formule d’élection la plus vertueuse qui soit ?
Il me semble qu’il serait possible de mettre en place un véritable conseil d’administration à la tête de la Fécafoot. Les délégués des régions en seraient les administrateurs et membres du collège électoral appelés à travailler avec un président élu au scrutin uninominal à la majorité absolue. Cette formule n’a rien de nouveau et est plutôt appliquée avec bonheur au sein de grandes organisations et de fédérations sportives largement plus performantes que la nôtre.
On peut penser à une formule de conseil d’administration avec échelonnement de mandats par exemple. Le renouvellement du conseil se ferait donc par tranches, dans la mesure où les administrateurs/délégués seraient classés en 2 ou 3 catégories dont les mandats n’arrivent pas à échéance au même moment. Le renouvellement ne concernerait donc qu’une ou deux catégories d’administrateurs à la fois. La formule du staggered board, qui n’a rien de révolutionnaire, a la vertu d’écarter le risque d’une prise de contrôle du conseil par le président. Dans notre pays que nous connaissons, penser à un tel système devrait s’imposer à un groupe comme celui de M. Owona.
Mais voilà, il faut pour cela travailler, penser, réfléchir et innover. Et, pourquoi pas, une fois n’est pas coutume dans notre pays, proposer quelque chose de nouveau, se battre pour faire adopter une solution nouvelle, prendre un bon risque pour faire le bien. Mais cela n’arrivera pas, bien sûr. Pourquoi changer quoi que ce soit, puisque, dans notre pays, on peut toujours recommencer la même chose qui ne marche pas, même si nous savons tous que ça ne marche pas.
Léon Gwod