Une nation entière de malfaiteurs ordinaires, le berceau de la civilisation européenne, un peuple plusieurs fois millénaire est en train d’imploser à la face du monde. Les Grecs, combinards, spécialistes de la fraude au fisc, du passe-passe à la TVA, de la non-observation des règles relatives à la propriété foncière et de l’irrespect de la discipline financière, sont au bord de la banqueroute.
Mais vous pensez bien, ce n’est pas de leur faute. Ils battent volontiers leur coulpe mais ils n’admettent aucune responsabilité. Mieux : ils exigent qu’on leur prête encore plus d’argent et, surtout, qu’on ne s’avise pas de leur demander de rembourser. Encore moins de s’amender, de se réformer et de prendre la résolution de bien faire.
Allez donc savoir d’où est partie la récente vague de demi-confessions, d’actes de contrition du bout des lèvres sans volonté de pénitence, qui déferle sur le landerneau footballistique du pays. Peuple grec et MINSEP-Fécafoot, même combat ? Voire.
Ce qui m’amène à Jean Lambert Nang et à sa dernière intervention sur cette page. On peut reprocher beaucoup de choses à mon illustrissime confrère. Il est bougon, certes, mais force est de lui reconnaître une très grande urbanité et, lorsqu’on y regarde de près, une bienveillante naïveté qui ne manque pas de charme. M. Nang pense qu’en morigénant suavement le patron de la Fécafoot comme un galopin dans la cour de récréation, on peut l’amener à assumer ses responsabilités ou, a minima, à se discipliner. M. Nang se trompe, bien sûr.
Ce n’est plus la peine, M. Nang, de clamer à la face du monde qu’un individu, le même, est en train de mettre à terre, simultanément, deux grandes institutions nationales, sans provoquer la moindre émotion de la part des dirigeants de notre pays et sans émouvoir le moindrement du monde le principal intéressé, lui-même, drapé dans les oripeaux de clerc intouchable, du haut d’un magistère de droit divin qu’il exerce benoîtement dans les salons de l’hôtel Hilton.
Ce n’est plus la peine de se lamenter d’un MINSEP où se perpétuent des pratiques interlopes et de lamentables trafics sur les primes, sous la houlette d’un grand commis qui ne semble être au courant de rien, qui découvre par mégarde des dotations inutilisées dans son budget et qui ne se fait remarquer que par l’organisation de réunions d’urgence lorsque de vulgaires footballeurs refusent de se serrer la main.
J’avais supplié M. Iya, sur cette page, de s’en aller. Je lui avais fait remarquer qu’il n’avait rien d’excitant dans la manche, qu’il ne pouvait rien apporter de plus que ce qu’il n’avait déjà pas fait et que simplement, par décence personnelle, il devait reconnaître qu’il n’avait pas particulièrement réussi. L’atout le plus important du président, avais-je fait remarquer, était qu’il était un type tout à fait fréquentable. Ce qui, vous en conviendrez, ne justifie pas totalement qu’il s’incruste à la tête de la Fécafoot.
M. Iya a perdu beaucoup et de son lustre et de sa légitimité après le fiasco d’Afrique du Sud. Non pas parce que les Lions ont été lamentables, mais bien parce qu’il n’a pas montré, même si on le soupçonnait déjà, qu’il possédait un sens quelconque de la responsabilité et qu’il avait compris qu’il était obligé de rendre compte. Il n’y a plus rien attendre de M. Iya. Il est malheureusement en train de susciter le même dégoût que beaucoup de ces prédécesseurs ont largement alimenté.
Ce qui me ramène aux Grecs. Veut veut pas, ils vont voir ! Ils vont payer parce qu’il existe en Europe un organisme appelé la Banque centrale européenne, qui ne tient pas à rire. Nous, les enfants maudits de Cham, nous n’avons rien ni personne pour nous défendre ou sauvegarder nos intérêts. Nous savons que M. Zoah va être viré ; c’est inéluctable. Pour le reste, nous pouvons confier notre querelle à Dieu et, à cet égard, je vous laisse ce mot de Sanga Titi, un autre confrère, du temps où il avait autant d’ennemis que Samuel Eto’o a de montres à offrir : « Si tu restes suffisamment longtemps au bord du Nyong, tu finiras par voir passer les corps de tous tes ennemis. »
Leonidas Ndogkoti