La déroute de Praia ne suffit toujours pas pour une thérapie de choc à l’égard de la gestion de notre football. Plutôt, elle vient d’inspirer une indécision disons une petite décision dont on croit qu’elle réglera pour l’essentiel, un mal plus grave qu’on feint de banaliser.
Depuis jeudi le 13 septembre, le ministre des sports et de l’éducation physique a suspendu de ses fonctions, l’entraîneur -sélectionneur de l’équipe nationale le très controversé Denis Lavagne. En remplacement de celui-ci, est rappelé à la rescousse Jean Paul Akono, autre entraîneur à controverse dont on peut aujourd’hui légitimement se demander s’il est l’homme de la situation vu son éloignement depuis un certain bail, des réalités du coaching et du management d’une équipe et des hommes. Enfin passons! Lui ou un autre, le problème est ailleurs et concerne l’autorité dont il faut faire montre.
Sans doute, cette décision qui était entre autres exigences attendue, exhale un petit parfum de saine réaction face à l’inacceptable. Mais n’empêche, elle porte les tares de tout ce qui est fait dans la précipitation, puisqu’on sait selon des sources autorisées qu’elle visait plus à court-circuiter les alternatives réparatrices de la Fécafoot retranchée toute honte bue à Garoua, qu’à régler une fois pour toute, le vrai malaise du football camerounais qui est celui de sa gestion pour une vitalité permanente et un rayonnement à la dimension de son aura.
Un Lavagne mis à la touche ne suffit pas. L’onde de choc née de la déroute de Praia est si inacceptable que les camerounais dans leur immense majorité se refusent de le considérer comme la seule proie sacrificielle. Tout le monde sauf ses protecteurs encore en place, contestait ses compétences (s’il en avait d’ailleurs) pour conduire une équipe comme celle des Lions Indomptables. D’où l’insatisfaction d’ensemble qui se dégage des vox-pop recueillis ici et là sur l’appréciation de la décision ministérielle.
Le gros coup de pied attendu
Globalement, le souhait national en un mot comme en mille, c’est qu’un gigantesque coup de pied soit foutu dans cette termitière d’intrigues que passe pour être la Fécafoot. Le démantèlement de cette association qui donne l’impression d’être une structure supra nationale est plus que jamais à l’ordre du jour. A tort s’est diffusée dans l’opinion l’inacceptable idée selon laquelle, elle est un micro Etat dans l’Etat. Ce qu’il faudrait dire à cette opinion désabusée, c’est que la volonté politique et pourquoi pas une certaine raison d’Etat, sont les vrais leviers à actionner pour paralyser ce petit monstre d’association devenu au fil de ses impunités, le véritable cauchemar du football camerounais. Et c’est justement à ce niveau que la réaction présidentielle qui tarde à se manifester ou ne veut pas le faire, pose problème.
La décision ministérielle en n’allant pas au bout des choses, traduit une limite certes compréhensible mais dévoile du même coup, une impréparation à gérer ce qui est advenu et plus grave, une absence de concertation quant à la conduite à tenir pour d’abord passer ce mauvais cap, puis ensuite solder pour de bon, l’amateurisme criard en vigueur dans la gestion de l’équipe nationale et ses succédanées. Et c’est aussi à ce niveau qu’on est en droit de se demander si le problème du football constitue une réelle préoccupation pour les pouvoirs publics qui ont paradoxalement su récupérer et abuser de son rayonnement d’antan?
En vérité et mieux que le départ de Denis Lavagne, L’Etat camerounais qui tente de parler par la voix peu convaincante de son ministre des sports, doit en ces moments difficiles, prendre la pleine mesure de ses responsabilités. Celles-ci ne sont aucunement équivoques. Elles consistent à annihiler pour l’heure, l’influence néfaste de la Fécafoot, à organiser les conditions d’une incontournable qualification en suivant la voix du peuple qui souhaite revoir en sélection ses dignes fils laissés sur le bord de la route et enfin aussi incroyable que ça, la remise en cause franche d’une connexité malveillante journalistes/ joueurs dont la perpétuation en termes de fréquentation et d’intéressement, a contribué à pourrir l’ambiance dans la tanière.