L’Ambassadeur itinérant demande le recrutement d’un entraîneur dit « de haut niveau » à moins de sept mois du coup d’envoi du Mondial 2014. Une initiative qui viendrait casser la dynamique et l’état d’esprit de groupe impulsée par le nouvel encadrement technique dirigé depuis mai par l’Allemand Volker Finke, cité récemment par France Football parmi les dix meilleurs coaches de son pays.
Il aurait mieux fait de se taire. A peine le tirage au sort de la 20e Coupe du monde de football effectué, Albert Roger Milla a estimé que le Cameroun a son destin en main, mais devrait quand même s’assurer d’avoir un sélectionneur à sa hauteur. Selon lui, Finke ne peut aider les Lions puisqu’il n’a pas dirigé d’équipe durant les quinze dernières années. Il espère voir l’arrivée d’un coach d’envergure pour cette compétition.
Roger Milla se comporte exactement comme tous les apprentis sorciers qui troublent sans arrêt le calme et la sérénité de leur contrée enclavée. Comment peut-il, à moins de sept mois de la phase finale d’une compétition aussi importante que le Mondial, vouloir induire le peuple et les autorités camerounaises en erreur en demandant le recrutement d’un nouveau coach?
Une demande douteuse dans la mesure où Volker Finke a réussi, avec brio, dès sa première tentative, à qualifier le Cameroun pour la Coupe du monde 2014 au Brésil. La rigueur du technicien allemand a permis aux Lions indomptables de retrouver une certaine sérénité et la stabilité nécessaires pour venir à bout, tour à tour, de la République démocratique du Congo, du Togo, de la Libye et de la Tunisie, dans le cadre des éliminatoires du Mondial brésilien.
Même si le public l’a adulé en tant que joueur, le Vieux Lion commence véritablement à agacer avec ses sorties médiatiques indignes d’une personnalité de son rang. Au lieu de s’attaquer aux problèmes réels du football camerounais, il fait preuve de mauvaise foi en voulant dénigrer systématiquement tous les entraîneurs étrangers recrutés au Cameroun. Il a certainement oublié qu’en 1990, quand il a permis aux Lions indomptables d’atteindre pour la première fois les quarts de finale de la Coupe du monde en Italie, c’était sous l’encadrement de Valery Nepomniachi, un coach sans palmarès et totalement inconnu.
En clair, un changement de staff à quelques mois du Mondial serait un vrai suicide. Tout ce qu’il faut aux Lions indomptables, c’est un programme de préparation sérieux, avec des sparring-partners de poids et une discipline de fer dans les rangs et non des polémiques stériles. Le plus dur est à venir et il va falloir s’organiser, se préparer. Comme le disait le Pr Joseph Owona après la qualification du Cameroun le 17 novembre contre la Tunisie, «il s’agit de monter une équipe capable, avec une équipe dirigeante capable, faire des matchs amicaux, avoir un programme cohérent de préparation».
Le comportement de Roger Milla n’étonne à vrai dire personne. Il a ainsi pris l’habitude de créer des polémiques à la veille de chaque Coupe du monde. Pour ne revenir qu’en 2010, à, dix jours du début de la compétition, il avait déstabilisé toute l’équipe camerounaise à travers des critiques virulentes à l’encontre de Samuel Eto’o. Il estimait que le capitaine des Lions indomptables avait apporté beaucoup à Barcelone et à l’Inter Milan, mais «jamais rien à l’équipe du Cameroun».
En outre, nul ne saurait comprendre cette attitude affichée par l’Ambassadeur itinérant. Il veut un entraîneur qualifié alors qu’il promettait il y a quelques mois, de «tabasser» tout coach blanc qui viendrait à mettre ses pieds au Cameroun pour remplacer son ami Jean Paul Akono. Une bourde monumentale qui peut être qualifiée de geste de xénophobie et de racisme grossier. L’image du Cameroun est une nouvelle fois salie à cause d’un homme accusé déjà d’avoir provoqué le départ du coach Pierre Lechantre, excellent technicien qui gagnait tous ses matches par des scores de 3 buts à 0 au moins et qui fût sacré champion d’Afrique 2000 avec le Cameroun face aux Supers Eagles du Nigeria. Et c’est cette acte soutenue par le ministre d’antan, qui a précipité la déscente aux enfers du Cameroun. Que l’on se souvienne de la prestation honteuse au mondial 2002 au Japon.
Roger Milla est donc un récidiviste qui avait également eu maille à partir avec Otto Pfister qui fût malgré tout vice champion d’Afrique en 2008. Pour lui, le meilleur coach, c’est son ami Jean Paul Akono. Peut-être bien. Mais puisqu’il reproche à Finke de ne pas avoir coacher depuis plus de quinze ans, avant la reprise en main des Lions Indomptables, il devrait appliquer la même logique à son ami.
Roger Milla aurait donc mieux fait de se taire. Ce d’autant plus que chez les peuples bantous (il en fait d’ailleurs partie), la parole des sexagénaires est quelque chose de sacrée. La distraction Milla est bel et bien terminée.
Par Jean Robert Fouda, à Yaoundé