Des fois, j’ai envie d’applaudir à n’en plus rompre, le Chef de l’Etat, le Prince d’Etoudi. Il a une façon singulière et dissimulée de communiquer. Il a un doigté humiliant qui trahit le secret de ses propres confidences. Depuis des mois, des gens nous rabâchent les oreilles, sur une prétendue volonté présidentielle de trouver un espace dans un « agenda chargé », pour présider la finale de la Coupe du Cameroun de football.
Il y en a, qui vous faisaient croire que le Chef de l’Etat veut se donner du temps pour « communier avec son peuple ». Il y en a qui vous disaient que tenter d’imposer une date pour la finale, était une façon de défier l’autorité de l’Etat. Tous vous faisaient accepter malgré vous, que la finale de la Coupe du Cameroun était un évènement discrétionnaire du protocole d’Etat et du cabinet civil de la Présidence de la République. Tous le disaient, non parce qu’ils le croyaient vraiment, mais parce que chacun dans son coin et dans sa stratégie de positionnement et d’exhibition stratégique, avait espéré qu’il verrait le Chef de l’Etat, lui qui est si loin, lui qui est si distant.
C’est raté, oui c’est raté pour vous tous ! Je vous plains, vous qui avez mis vos dernières vestes Channel. Je vous plains, vous qui avez réquisitionné à l’avance des photographes pour immortaliser cette poignée de main du chef de l’Etat qui « vaut de l’or ». Je vous plains, vous qui pensiez que sur les murs de vos bureaux et de vos maisons, il y aurait ces photos géantes avec le Chef de l’Etat, qui vous donnent une supposée crédibilité dans votre entourage borgne, des photos que vous exhibez souvent dans vos activités mafieuses pour obtenir des faveurs. Je vous plains tous, vous qui avez fait de la finale de la Coupe du Cameroun, une occasion pour faire glisser votre image dans le subconscient du Chef de l’Etat, qui avez planifié votre entrée au gouvernement par la séance d’exhibition annuelle au stade Ahmadou Ahidjo, séance d’exhibition euphémiquement appelée « Finale de la Coupe du Cameroun de football ».
Chers Messieurs opportunistes, c’est vous qui avez fait de cet évènement, une parade unique, un podium à partir duquel, le Chef de l’Etat voient ceux qui bossent et ceux qui dorment. Vous avez tellement réussi votre coup, qu’il y a des présidents de fédération prêts à banquer (et ils banquent !), pour s’aligner sous le soleil dans l’espoir de saluer le Chef de l’État.
Vous avez réussi tellement votre coup qu’à la Fécafoot, le choix du commissaire de match relève d’un cirque et n’est devenu que la chasse gardée des « Honorables… Excellences… ». Conséquence, des gens qui toute la saison s’évertuent à diriger dans des conditions particulièrement éprouvantes des matches comme commissaire de match, sont écartés en finale, parce que ne salue pas le Chef de l’Etat qui veut.
Oui messieurs, vous avez réussi votre coup, en créant une psychose de positionnement qui n’épargne personne. Mais dites moi alors, dimanche, j’ai cherché en vain l’image du beau gosse de Mvomeka’a à la tribune présidentielle, j’ai attendu en vain l’entrée motorisée et spectaculaire, je n’ai rien vu, et j’ai zappé ma télé. C’est vrai qu’avant de zapper, j’ai vu que le stade était désespérément vide, j’ai donc compris que la fièvre présidentielle s’est emparée de tous.
Vous nous avez dit que la finale de la Coupe du Cameroun est une occasion de communion avec le Chef de l’Etat. Il est donc normal que quand il est absent, on boude les conneries. J’ai vu beaucoup d’entre vous vous ennuyez dans les tribunes. J’ai aussi vu très peu gesticuler à la main courante. J’ai même vu que pour la cérémonie de remise de médailles et de trophées, on a fait attendre le Premier Ministre. On a fait venir des gens jusqu’à la tribune avant de constater qu’il n’y avait pas de médailles pour eux. Eh oui ! Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Organisation approximative, puisque le Chef de l’Etat était absent et que la sécurité présidentielle, très pointilleuse sur les détails d’organisation et de protocole, n’était plus là pour masquer les lacunes et maquiller les incompétences.
Alors dites-moi. Maintenant que le Chef de l’Etat n’était pas là, votre affaire de communion tient-elle toujours la route ? Votre affaire de calendrier surchargé du Chef de l’Etat a-t-elle un sens ? J’espère que vous allez payer les photographes réquisitionnés pour les portraits manqués ! Mais à la vérité, même si le Chef de l’Etat s’est souvent fait représenter lors des finales, il y a une possibilité de décryptage de son absence.
Ce n’est pas à trois jours ou quatre jours que le Chef de l’Etat a su qu’il ne serait pas de retour pour présider la finale. S’il a laissé tous les gesticulateurs dans l’expectative, c’est bien qu’il se moque de leur agitation et de leurs calculs.
Comment le chef de l’Etat va-t-il venir à une finale qui n’est pas sûre de se jouer face à une Fécafoot qui tergiverse sur l’affaire Fovu ? Comment voulez vous que le Chef de l’Etat comprenne que sur la centaine de club qui existent au Cameroun et sur les milliers de jeunes qui chaque jour se livrent au football, les deux clubs finalistes appartiennent à la même personne ? Des incongruités qui sont peut-être loin des préoccupations présidentielles mais qui suffiraient pour comprendre son absence.
Il y a un autre message plus prononcé que le Chef de l’Etat a envoyé aux gestionnaires du football. Lorsqu’une date ferme est arrêtée par rapport à la finale, il se fait représenter quand il se sent indisponible. Je veux prendre l’opinion à témoin, que la Fécafoot nous dise ici et maintenant, la date de la prochaine finale de la Coupe du Cameroun, et je suis sûr que le Chef de l’Etat la respectera.
Qu’on m’explique comment on peut évoquer les raisons de sécurité pour justifier la discrétion observée autour de la date de la finale, quand tout le monde sait par exemple que chaque 20 mai, le Chef de l’Etat préside le défilé, et il ne s’est jamais fait représenter !
Donnez-nous une date et il sera là ! Ou il se fera représenter. Cessez de faire de la Coupe du Cameroun, la tribune de vos ambitions personnelles, et vous verrez qu’avec ou sans chef de l’Etat, la popularité de l’évènement restera intacte.
Mais le Chef de l’Etat absent, vous avez messieurs perdu votre lucidité et affiché votre désinvolture. Vous avez même oublié d’observer une minute de silence pour Alain Wabo, qui gagna cette Coupe du Cameroun avec Mount Cameroun de Buéa.
Vous avez été aveuglés et énervés, parce que pour cette année, vous n’aurez pas les précieux portraits avec le Chef de l’Etat à vos murs. Assiah.