Et pan ! Pan ! Deux coups de feu du vénérable Roger Milla dans la presse : « Pour l’instant, il a apporté beaucoup à Barcelone et à l’Inter Milan, mais jamais rien à l’équipe du Cameroun. Il n’a pas encore répondu aux attentes. C’est aussi une question de discipline : il a un peu malmené les autres joueurs, on n’avait jamais vu ça en équipe nationale ! Le Cameroun attend qu’il réagisse », s’égosille Milla.
Suffisant pour que le microcosme footballistique se mette en branle. Avec raison peut-être. Car pour beaucoup, on ne comprendra jamais les propos de l’Ambassadeur Roger Milla.
A qui le « vieux Lion » va-t-il faire avaler que Samy « n’a jamais rien (apporté) à l’équipe du Cameroun » ? Les chiffres ne parlent-ils pas en faveur de l’actuel capitaine des Lions indomptables ? Eto’o Fils n’est-il pas le meilleur buteur de l’histoire des …Lions indomptables avec 43 buts en 93 matches alors que Roger Milla n’a que 28 buts en 102 matches (loin de nous l’idée de comparer les deux idoles) ? Samy n’est-il pas le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe d’Afrique des nations (et donc du football africain), 16 buts qu’il a inscrit sous le maillot vert-rouge-jaune des Lions indomptables ? Samuel Eto’o n’a-t-il pas remporté deux Can (2000 et 2002), une médaille d’or aux J. O. 2000 avec les Lions Espoirs ? Et last but the least, n’est-ce pas sous la houlette d’Eto’o, neo capitaine, que les Lions se sont qualifiés pour le Mondial avec surtout une victoire déterminante le 14 novembre 2009 à Fès au Maroc avec un but de Webo et d’Eto’o ? Non, Samuel Eto’o qui loin d’être un sain, a aussi des défauts. Mais ces défauts, il faut les chercher ailleurs. C’est vrai que si on met sur la balance l’apport de Samuel Eto’o en club (Barça et puis Inter) et les Lions indomptables, peut-être que la balance pèserait plus du côté du club. Mais est-ce suffisant pour le clouer au piloris ? Va-t-on oublier qu’il s’agisse des clubs ou de la sélection, Eto’o n’a pas le même entourage, par conséquent les rendements seraient différents ?
Et avec le respect que tout le peuple camerounais doit « au Vieux Lion » n’a pas pris une seule ride. Lui qui a contribué à la victoire de la Can abidjanaise (1984), lui qui a finit meilleur buteur de la Coupe d`Afrique 1988 (encore frais dans ma mémoire l’image de Milla et Mbouh Mbouh Emile portant le trophée au Palais de l’Unité devant le président Biya), et qui a hissé le Cameroun sur le toit au Mondial 1990. Si quelqu’un venait à balayer d’un revers de la main, à travers une déclaration tapageuse, comment Milla prendrait-il cela ?
A chaque génération, il y a des joueurs sur qui repose le destin de tout un peuple. Nul n’oubliera les frappes surpuissantes et les ‘’bicyclettes’’ de Mboma, les coups de têtes rageurs et ou ‘’smashs’’ d`Omam Biyick, les buts décisifs et qualificatifs de Eugène Ekéké, etc.
Pour ce qui est de la liste de 30 de Paul Le Guen, qui a reçu au passage un volet de bois vert de Milla, nous ne reviendrons pas dessus. C’est après tout comme chercher le sexe des anges. Il n’y aura jamais unanimité autour d’une liste.
Et pour sortir de cette réflexion, à quoi servirait, franchement, à ce moment crucial, un coup de gueule de ce genre ? Une sortie aussi musclée ferait-t-elle bouger les lignes ? On a la faiblesse de répondre par la négative. Et quand on sait que nous sommes à deux semaines de la Coupe du monde du monde 2010, et sans que la liberté d’expression ne soit bannie au Cameroun, son excellence l’ambassadeur, Rgoer Milla, avec le tout le respect qu’on lui doit, gagnerait à observer la loi du silence. A l’heure où, même les ennemis d’hier se sont retrouvés à Yaoundé (25 au 27 mai 2010) pour penser le destin du football camerounais lors d’un Forum national et faire une union sacrée autour des Lions indomptables, le peuple camerounais, qui reconnaît tout le bien fait par Eto’o pour la sélection nationale, ne comprendrait pas cette autre sortie du « vieux Lion ». Une sortie de ce dernier qui ne changerait pas grand-chose, si ce n’est à saper le moral des troupes.