C’est tout aussi vrai qu’Iya Mohammed et son gouvernement ont réussi à transformer les quadruples champions d’Afrique, quart-finalistes de la Coupe du monde, en de pitoyables félins qui ne font plus peur à personne dans la jungle quand ils ne tremblent pas devant de banals ratons et des ouistitis. De-là à imaginer que toute la faune peut désormais se farcir le scalp ramolli de cet épouvantail, il y a un grand ravin que les primesautiers devraient s’abstenir d’enjamber !
Certes l’histoire du Cameroun du football est bondée de blancs becs et d’apprentis sorciers que le destin a propulsés au-devant de la gloire -contre toute attente-, en les élevant à la dignité de « sorciers blancs, mais les annales des historiens sont remplis d’échecs de ces aventuriers pour qui l’Afrique ne représente qu’une escale touristique et un pont d’or.
Denis Lavagne se prend donc à rêver d’être le futur sélectionneur du Cameroun ! Sans avoir postulé, simplement parce qu’il a fait gagner des titres à Cotonsports, dans le grand désert du championnat national camerounais. « Les Lions indomptables, ont dû lui dire ses patrons de Garoua, ce n’est pas de la magie, tu peux les entraîner ! » Et ils ont raison, les conseillers du Français. Comment pourrait-on douter de leur expertise ? Ne sont-ce eux qui ont conduit à l’érosion de la magie d’un football et de son équipe nationale considérée comme l’identité de son peuple ? Aujourd’hui largués dans les profondeurs du classement de la Fifa, les Lions ne drainent plus cette onde de sympathie qui a traversé tous les continents et leur a assuré des soutiens à travers la planète.
Sauf à considérer que la sélection nationale n’a pas encore totalement touché le fond du précipice et qu’il faille définitivement enterrer ce qui lui tient de restes, l’aventure Lavagne est sans issue comme l’ont été celles Le Guen et Clemente. Le palmarès continental de l’entraîneur de Cotonsports est d’une telle vacuité que toute propulsion à la tête des Lions serait ressentie comme une insulte à des homologues nationaux plus expérimentés, plus cotés, plus aguerris et par conséquent mieux qualifiés. Quitte à faire sombrer ce qui reste du navire, autant que ce soit avec eux plutôt qu’avec un individu qui n’est proposé-là que dans le seul but de prolonger définitivement l’hégémonie d’une caste de prédateurs sur la totalité du système du football camerounais.
Jean Lambert Nang