Les arrêts pris ces derniers temps par la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique, d’une part, et le Tribunal arbitral du sport, d’autre part, ne concernent certes pas la même affaire stricto sensu, mais ils se rapportent tous au même mis en cause, à savoir le patron du Comité de normalisation. M. Owona a perdu au Cameroun et gagné à l’étranger. Il me rappelle à cet égard certains camarades de jeunesse qui, recalés au bac deux ou trois fois à Douala dans les années 70, s’en allaient décrocher le fameux sésame au Tchad.
Des générations de bacheliers tchadiens bien installés au pays devraient quand même nous inciter à ne pas battre froid au patron ni à le regarder de très haut.
Cela dit, l’ordonnance de la Chambre de conciliation présente l’avantage, corrélatif de son défaut, d’avoir été largement prévisible. Tout le monde savait, le Comité de normalisation en premier, que l’illégitimité des personnes convoquées le 23 août ne pouvait qu’entraîner l’annulation des résolutions adoptées. Mais tout le monde a fait comme si de rien n’était, et tout le monde continuera d’ignorer cette ordonnance qui, il faut aussi avouer, est quand même arrivée un peu tard. Elle a été facilement rendue inopérante avant même qu’elle tombe. C’est là son défaut.
Quant à l’arrêt du TAS, il faut être un incorrigible gogo pour penser qu’il aurait été autrement, peu importe le mérite du point de vue de M. Abdourraman. Le souci de dire le droit ne pouvait pas, dans ce cas-ci, l’emporter sur les perturbations potentielles qu’aurait provoquées une décision autre que celle que nous connaissons et, à vrai dire, je ne vois pas ce que le football camerounais aurait gagné. Le TAS, comme la FIFA ou la CAF, est essentiellement une instance politique qui cherchera toujours à préserver l’ordre établi, par petits arrangements et combines finement ciselées, quitte à faire de petites entorses à quelques principes, lois ou règlements.
On va faire litière de l’arrêt de la Chambre de conciliation, rien de nouveau au Cameroun, et on va continuer. À la vérité, nous ne pouvons rien faire et le vrai combat est maintenant ailleurs. Il faut que l’élection à la présidence de la Fécafoot se fasse en temps voulu, même dans la situation bancale où nous nous trouvons. Il faut amener un homme de bien à la tête de cette institution largement décrédibilisée par les personnes mêmes qui avaient la charge d’en prendre soin. Mais comment faire ?
Les deux ou trois personnes admissibles que tout le monde connaît n’ont, sans « tordage de bras » à la Duplessis dans le Québec des années 60, aucune chance. La façon dont l’élection est organisée ne peut aboutir qu’au plébiscite d’un proche du pouvoir éternel actuel. C’est intolérable. Le fauteuil du président ne devrait plus jamais être occupé par une personne mêlée de près ou de loin à la malgouvernance qui nous a imposé la normalisation.
Léon Gwod