Des générations de grimauds confirmeront que le meilleur de la classe rend toujours sa copie avant l’heure limite. M. Owona, dont le devoir consistait essentiellement à organiser des élections crédibles à la Fécafoot, n’a pas réussi à rendre son travail dans les délais. De fait, plus nous nous rapprochons du 25 février, une autre date butoir provisoire, plus il me semble clair qu’il faudra encore décider bientôt si l’élève Owona, déjà largement redoublant, sera autorisé à tripler.
Mais peu importe au fond qu’il triple ou quadruple, M. Owona n’a aucune chance d’arriver à quoi que ce soit d’utile parce qu’il n’a pas compris, il faut le reconnaître avec beaucoup de douleur, que le principal problème qui entache le fonctionnement de la Fécafoot tournait autour des conditions de l’élection de son président. Le verrou qu’il faut faire sauter se trouve au niveau de l’élection des délégués dans les départements et dans les régions. C’est là que se décide l’issue de l’élection du président de la Fécafoot.
Ce verrou, à la vérité, n’en est pas un. Si on considère les délégués des régions comme des membres d’un conseil d’administration appelés à travailler avec un président relativement indépendant, l’élection de ces personnes est utile et nécessaire. La vocation du délégué n’est pas d’appuyer une personne en particulier, mais plutôt de défendre les intérêts de la région électrice. En quoi exiger qu’un candidat à la présidence de la Fécafoot soit appuyé par des délégués, c’est-à-dire en fait qu’il ait des délégués à sa solde ou dans sa poche, est-il de nature à garantir le bon fonctionnement de la Fécafoot ? Pourquoi créer inutilement des poches de clientélisme et de corruption ?
La Fécafoot a besoin d’un patron indépendant à l’abri des influences interlopes et des pressions venant de personnes ou de groupes à l’égard desquels il se serait compromis. Pour le trouver, le meilleur point de départ serait d’ouvrir la candidature à toutes les personnalités reconnues pour leur courage, leur expérience de la gestion d’institutions privées, leur probité, leur respect de la règle et de l’éthique et leur engagement à faire évoluer le foot au Cameroun et, pourquoi pas, sur la scène internationale.
Distrait et chahuté de toutes parts, M. Owona s’est employé plutôt à prolonger les délais de constitution des dossiers de candidature comme s’il espérait, sur la pointe des pieds, qu’une véritable compétition entre plusieurs candidats ait lieu pour la présidence. Si M. Owona le pensait vraiment, ce qui serait tout à son honneur, il doit aussi penser que la même chose devrait s’appliquer aux élections dans les départements et les régions. Il faut donc penser à tout recommencer. C’est lamentable pour nous tous. M. Owona, lui, fait quoi fait quoi, conservera pendant encore plusieurs mois le meilleur job du pays.
Léon Gwod