Victor Hugo conseillait déjà aux vedettes de son temps, il y a bien quelques siècles, de mourir tout de suite si elles tiennent tant que ça à avoir raison demain. Contrairement au grand homme, le simple scribe que je suis ne sait quel conseil donner ni à quel saint protecteur vouer M. Eto’o, sur lequel pèserait la terrible fatwa des comploteurs de la Fédération camerounaise de football. J’aurais bien exhorté le capitaine à se laisser faire et, en agneau expiatoire, à aller sans peur et sans reproche au sacrifice suprême, pour d’une part avoir raison et, d’autre part, enfin mettre au grand jour les intentions interlopes et homicidaires des dirigeants du football, en tête M. Iya, le chef bandit, le tonton macoute en chef, et de ses pistoleros.
Mais je me rebiffe parce que je trouve que, à la fin, y en a marre que ça soit toujours les mêmes qui font la une des journaux people, qui dînent aux meilleures tables, qui roulent dans les plus puissantes cylindrées et qui se réfugient sous des édredons de soie avec les plus belles nanas du quartier. Et que ces gens, non contents de tous ces avantages et passe-droits, viennent également accaparer le terrain de l’insécurité au Cameroun, que nous pensions notre lot quotidien exclusif. En bref, je réclame auprès de M. Iya, car c’est bien de lui qu’il s’agit, ma part de menace de mort. Je veux aussi recevoir une fatma portant mon nom et signée de la belle main de M. Iya.
Parce que, à la fin, de quoi s’agit-il ? M. Eto’o, gentiment, du bout des lèvres, aurait laissé entendre, divine trouvaille, que les dirigeants de la Fécafoot étaient nuls. Il s’agit des mêmes personnes avec lesquelles M. Eto’o a batifolé, flirté, échangé des mimis mouillés et généralement partagé la même couche. Je trouve tout à fait injuste que seules la petite posture du capitaine et sa gentille altercation à fleuret moucheté méritent que M. Iya sorte de sa gandoura pour lancer un contrat sur sa vie.
Pour mémoire, je rappelle à mes lecteurs et à M. Iya que je suis le seul commentateur du football camerounais qui, publiquement, a demandé au président de ne pas se représenter à la direction de la Fédération parce qu’il n’avait rien de nouveau à promettre et qu’il ne ferait pas ce qu’il n’avait pas pu faire en dix ans de règne. Cela, je vous demande, ne mérite-t-il pas une menace de mort ?
Alors, une paranoïa vaut bien une autre. La Fécafoot ne peut pas décider d’envoyer ad patres notre meilleur footballeur et laisser en paix un simple scribe qui, de toutes les façons, a déjà promis son corps à la science. Alors, j’attends d’elle qu’elle me fasse parvenir, à Sipandang par SongMbengué, une menace de mort en bonne et due forme.