Il est fortement à espérer que le poker menteur auquel se livrent M. Eto’o, la Fécafoot et le MINSEP permette finalement de lever la jalousie qui obstrue l’image que projette à l’ensemble des Camerounais les principaux acteurs du football. Je formule le vœu que les Camerounais voient enfin, en cette fin d’année, à la faveur de la énième galéjade des footballeurs et des encadreurs du football qui nous couvre de ridicule sur la scène internationale, les véritables auteurs de la chienlit, ceux qui l’entretiennent, ceux qui la nourrissent, ceux à qui elle profite.
On peut ergoter à l’envi sur la crisette actuelle, mais on ne peut pas mettre en doute une conviction étayée par les pratiques observées dans les grands pays de football que nous voulons copier. Le football est généralement confié, partout, en toute indépendance, aux soins d’une institution privée. C’est comme ça que cela se passe en Algérie, en Tunisie, en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud, en France et ailleurs. Et ça marche plutôt bien. Chez nous, c’est la Fécafoot qui est cette institution.
Alors, pourquoi semble-t-il si compliqué, alors que les choses semblent pourtant claires, de laisser le jeu se jouer comme il se joue ailleurs ? Ce que nous savons depuis longtemps, et que semble confirmer l’affaire Eto’o contre tout le monde, est que la risible vulgate du tout-État au Cameroun a favorisé une présence malsaine et lourde de l’État sur le front du football. Tout le problème vient de là.
Le football au Cameroun n’est pas plus une affaire d’État qu’il ne l’est au Bangladesh ou au Canada. Le football est une activité privée dont la gestion doit être confiée au privé. L’incroyable scène que nous ont servie les représentants du MINSEP et de la FECAFOOT à propos des primes de présence est révélatrice de la confusion créée par le MINSEP et, dans une large mesure, de la mauvaise performance de la FECAFOOT privée de la jouissance de ses privilèges. Comment, semblent dire les dirigeants de l’institution, la FECAFOOT peut-elle gérer le football si les pouvoirs publics s’immiscent au point de vouloir tout faire à sa place ?
De quel droit le MINSEP peut-il verser 170 millions de francs à quelques Camerounais qui s’adonnent à une activité privée qui ne profite qu’à eux-mêmes ? Quelle loi de l’Assemblée nationale autorise les ministres à dépenser aussi généreusement des ressources publiques pour récompenser des footballeurs et des fonctionnaires déjà rémunérés par l’État ? Cette générosité est non seulement illégale, mais compte tenu du grand dénuement dans lequel vivent les Camerounais, cette gabegie est intolérable.
La FECAFOOT n’a qu’à se croiser les bras : elle n’a pas le loisir de faire quoi que ce soit, le MINSEP s’arrogeant tous les pouvoirs et tous les privilèges. Que faut-il pour enfin mettre la Fécafoot face à ses responsabilités ? Que faut-il pour voir enfin de quoi elle est capable ? Que faut-il pour enfin laisser cette institution organiser le foot, recruter les entraîneurs, trouver des sponsors, payer des primes, négocier des parrainages ? Que faut-il pour enfin donner à la Fécafoot la corde qu’elle se pende donc toute seule au vu et au su de tout le monde ?