Nous sommes arrivés au point de non-retour. Après des semaines à jouer au chat et à la souris avec l’opinion, à alterner signes forts et phrases sibyllines, la réalité nous a rattrapés. Rigobert Song ne sera pas aligné lors de la rencontre de ce samedi face au Gabon, couronnant de fait le changement de récipiendaire du brassard.
Samuel Eto’o capitaine pour la rencontre la plus importante de la sélection nationale depuis le Côte d’ivoire-Cameroun il y a quatre ans dans ce qui ressemble fortement à une mise en retraite du capitaine des dix dernières années. Pourtant, si tout le monde sait que chaque période a une fin, celle-ci laisse un arrière-goût mitigé sur la forme.
Sur le plan sportif, le sélectionneur Le Guen a le droit de faire d’autres choix pour bâtir sa défense. Personne ne remet en cause ici ses prérogatives, mais encore faut-il y mettre les formes. On aurait pu éviter tout ce long feuilleton, le coach aurait pu annoncer ses choix de manière plus directe aussi bien au joueur qu’au grand public à travers ses interviews. Deux conversations sur un terrain ne peuvent pas suffire pour mettre entre parenthèses le statut d’un joueur leader. Le coach ne comptait pas sur lui, il aurait pu l’appeler et lui dire d’annoncer sa retraite internationale ou alors lui demander d’encadrer un groupe en sachant que son temps de jeu serait réduit. Il n’en a rien été et au contraire, nous avons assisté en direct à l’annonce de la décision du Breton, devant chercher à comprendre les signaux, les gestes. Paul Le Guen ne voulait pas le faire jouer, il aurait dû alors le laisser à la disposition de son club et ne pas l’appeler dans les 22. Un peu comme le Bernard Lama d’après la Coupe du monde 1998 qui ne venait que lorsqu’il devait jouer, laissant les jeunes Porato et autres Letizi jouer les doublures.
Paul le Guen a fait une erreur stratégique. Rigobert Song méritait une autre sortie. L’état de grâce dont dispose actuellement l’ancien sélectionneur et l’état d’esprit de joueurs concentrés sur leur objectif ont permis de faire passer la pilule. L’heure est à la veillée d’armes et à l’heure actuelle, la situation au Gabon nous préoccupe plus que le reste. Nous devons tous supporter nos Lions vraiment indomptables dans ces circonstances. Pourtant, on ne m’empêchera pas de penser qu’une de nos institutions a été bafouée. Et que dans cette situation, la manière aurait pu être aussi importante que l’art.
HK
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