L’affaire du Tonnerre Kalara Club (TKC), dont MM. Essomba Eyenga et Onambele Zibi se disputent le contrôle est symptomatique de la gestion actuelle du Cameroun. L’objet de leur dispute n’est en effet pas prévu par le dispositif législatif camerounais. La Société Anonyme à Objet Sportif (SAOS) est, en effet, un dispositif français destiné à permettre au monde du sport professionnel de garder le contact avec le monde amateur qui reçoit les subventions.
Pourtant, durant plusieurs années, personne n’a trouvé quoi que ce soit à redire au président du TKC alors qu’il se pavanait avec sa « trouvaille » et incitait ses collègues de l’ACPD à modifier les structures de leurs clubs. Aujourd’hui, personne n’ose prendre ses responsabilités, le juge Nguini renvoyant les parties devant la justice sportive.
Sans avoir besoin de faire des études de droit pour le comprendre, le problème est simple : quelle structure a le droit de s’affilier dans les Championnats organisés par la FECAFOOT ? L’association; car le football et amateur au Cameroun. Les joueurs sont-ils salariés ? La société règle-t-elle les cotisations sociales et paie-t-elle des impôts ? La solution issue du tribunal aurait été utile, car elle aurait permis de créer une jurisprudence aussi importante pour le football camerounais que celle « Bosman » pour l’Europe.
Car dans un pays où le sport est amateur, comment expliquer que des pièces officielles portent la mention Footballeur à la case Profession ? Dans quel cadre évolue-t-on ? Le juge Nguini, dans sa volonté de ménager la chèvre et le chou a oublié que l’affaire TKC ne relève pas du domaine sportif, mais bien de ses compétences. On est dans une affaire de droit commun. Quant à l’autorité sportive, elle aurait dû refuser l’affiliation de TKC SAOS à l’origine, qui est contraire à ses statuts.
Le Cameroun est, une fois encore, en train de rater un tournant important qui lui aurait permis de dépoussiérer un encadrement juridique du sport qui n’est pas adapté à la place que les résultats des Lions Indomptables lui ont conférée. Trop de notions régulièrement utilisées ne sont pas clairement définies, tels les centres de formation qui sont en réalité de club avec de joueurs officiellement jeunes, mais sans qu’on puisse juger de leur apport dans la construction des jeunes. Les différents arrêts prononcés par la Cour Européenne de Justice fragilisent les pays du Sud. En rendant le marché mondial, elles permettent des clubs de délocaliser la formation et de faire signer les jeunes espoirs : le règle de transfert de la FIFA se contournent en faisant venir la famille du jeune et en le scolarisant. En traitant le football sur le terrain du Droit commun, elles fragilisent les équipes nationales qui vont finir par dédommager les périodes de convocation aux clubs employeurs des joueurs.
Notre football doit donc veiller à ne pas se laisser embarquer dans une gestion sentimentale, mais veiller à l’application d’un système juridique cohérent. Car c’est de là que partiront les réussites futures. Mais, au fait, si la SAOS a été bien copiée par M. Essomba Eyenga, l’association devrait être actionnaire : ça pourrait être le moyen pour les deux hommes de trouver la solution à ce qui n’est qu’une histoire de gros sous.
Hervé K.