La fondation Cœur d’Afrique de Roger Milla s’est illustrée cette année avec l’organisation d’un stage pour entraîneurs, encadré par un expert de la Fédération internationale de football association (Fifa) et destiné aux anciens Lions indomptables. Elle a par ailleurs offert des ballons à des unités de formation des jeunes footballeurs et organisé, à Yaoundé, un tournoi de football pour les enfants de la rue.
Celui qui a pour idole Roger Milla, l’icône du football camerounais du moment Samuel Eto’o, a aussi mis sur pied une fondation qui porte son nom. Elle s’est déjà illustrée, ces deux dernières années, par des dons des ambulances au gouvernement camerounais, des lits aux détenus mineurs des prisons de Yaoundé et de Douala, l’organisation des tournois de jeunes dont les meilleurs sont invités en Espagne et d’autres actions caritatives dont la dernière en date s’est effectuée, le week-end dernier, aux côtés de l’association du personnel navigant de Cameroon Airlines , Sky.
Le 29 décembre prochain à Limbé, c’est l’association Adna du footballeur international français d’origine camerounaise, Jean Alain Boumsong, qui va organiser un match de bienfaisance et procéder à une remise de dons à quelques orphelins de la province du Sud-Ouest. Les organisateurs ont prévu que la cérémonie se tiendra en présence du Premier ministre EphraÏm Inoni, élite du coin.
Les footballeurs camerounais, aussi bien ceux qui ont quitté les terrains comme Roger Milla ou ceux qui sont encore en activité comme Jean Alain Boumsong et Samuel Eto’o, ont donc décidé d’investir le terrain social. On leur prête généralement une certaine aisance financière, mais dont la réputation jusque-là était de s’évanouir dans une vie de flambeurs et de clinquants. Une tendance confirmée par la prise de possession d’une discothèque à la mode dans la capitale par deux poids lourds de l’effectif des Lions indomptables actuels. Certains de nos compatriotes qui ont réussi dans le football professionnel sont donc en train de montrer qu’ils peuvent être utiles, avec leur fortune avérée, autrement que dans les loisirs et le farniente. C’est une attitude positive que nous saluons, encore une fois, des deux mains.
Notre souhait est seulement que les footballeurs camerounais songent aussi, puisqu’ils en ont manifestement les moyens, à rendre un peu au football camerounais ce que celui-ci leur a donné. Beaucoup le font déjà, à travers la mise sur pied des structures de formation de jeunes footballeurs. Deux d’entre eux, Modeste Mbami (Cercle sportif d’Elig-Edjoa) et Idriss Carlos Kameni (Apejes de Mfou), viennent de réussir à faire monter leurs clubs en D2 poule du Centre. Mais en cela, ils ne se distinguent pas beaucoup des autres promoteurs issus des milieux d’affaires ou de la rue tout simplement.
Créer une école de football, sans terrain d’entraînement et sans centre d’hébergement et d’études, c’est un peu mettre les charrues avant les bœufs. Le Cameroun a de grands footballeurs et des passionnés du football, mais pas des terrains de foot. Ce n’est pourtant pas le plus difficile, contrairement aux incessantes querelles entre le ministère des Sports et la Fédération camerounaise de football, autour de l’équipe nationale, peuvent laisser croire. La preuve ? Eh bien, Théophile Abega, qui ne connut pas une grosse carrière de professionnel et arrêta la compétition dans les rangs du Canon de Yaoundé, a créé un terrain de football au quartier Nkomo, qu’il a baptisé au nom de son père, Mbida Adolphe. Mais tout le monde sait que ce modeste terrain, qui entretient l’animation joyeuse de toute la jeunesse de l’arrondissement de Yaoundé IV, s’appelle « stade Abega« . Avec plus de confort et de modernité, un stade Eto’o ici, un stade Mbami là-bas, un stade Boumsong et un stade Njitap plus loin, et nous applaudirons davantage, des mains, des pieds, de la tête, et de toutes nos forces…
Emmanuel Gustave Samnick