Et si les autorités sportives camerounaises avaient enfin pris conscience du manque criard d’infrastructures sportives dans le pays ? La question mérite à notre sens d’être posée, au regard des mesures prises par les dirigeants du sport camerounais, mesures auxquelles ils nous ont peu habitués.
Depuis quelques temps en effet, une certaine frénésie des constructions s’est emparée du ministère des sports et de l’éducation physique, frénésie qui a aboutie à des chantiers ou à des projets de chantiers. Faisons-en rapidement un tour d’horizons. Nous avons d’abord le Palais des sports qui est en train d’être mis en œuvre par les Chinois au carrefour Warda à Yaoundé. Le complexe multisports devrait être livré au courant du 1er trimestre de 2008. Ensuite, nous avons notre éternel stade Omnisports de Yaoundé qui est en train de subir un grand lifting des mains expertes japonaises. Rassurez vous, ce ne sont pas les quelques coups de pinceaux trompe-l’oeil qu’il subit souvent à la veille de la finale de la coupe du Cameroun. Cette fois ça a l’air sérieux. Au programme entre autres, l’installation d’une nouvelle pelouse plus adaptée au terrain, de même que celle de sièges et d’un écran géant, la construction de toilettes… Du côté de Bafoussam, le dossier relatif aux travaux de finition du fameux stade omnisports est une fois de plus sorti des tiroirs, et les travaux pourraient être menés par des entrepreneurs chinois. Enfin, il y a le projet de construction d’un stade de 60.000 places au nom du président de la république Paul Biya dans la périphérie de la capitale. Ce dernier devrait aussi accueillir les nouveaux locaux de l’INJS (institut national de jeunesse et de sports). La rénovation de certaines infrastructures de l’institut est également au programme.
Grand pays de sport et surtout de football, beaucoup de salive et d’encre ont coulé pour décrier la pauvreté, la vétusté et le manque d’infrastructures sportives à la stature du pays et de nos athlètes. Paroles que les autorités concernées ont souvent noyées dans des promesses et des discours politiques. Maintenant les choses semblent bouger. Nous disons bien semblent, car ce nouveau remue-ménage ne peut être assimilé pour le moment qu’à une déclaration de bonne intention. Des intentions tellement bonnes que nos dirigeants s’emmêlent un peu les pinceaux, bousculent du monde en donnant de la tête partout, à l’image d’une équipe menée au score qui confond vitesse et précipitation pour refaire son retard. Pour la rénovation du stade Omnisports, un malentendu a failli faire arrêter le chantier, une partie des travaux (installation des sièges) ayant été confiée à une structure privée, ce qui a suscité incompréhension et même colère chez les Japonais. Heureusement, tout est rentré dans l’ordre. A Bafoussam, les autorités locales n’arrivent pas à trouver les plans des stades municipal et omnisports que leur réclament les chinois avant le début des travaux.
Cependant, tous ces chantiers sont trop peu pour le milieu sportif camerounais, même s’ils soulageront beaucoup. Actuellement dans nos grandes villes, plusieurs clubs partagent les mêmes installations à l’occasion des compétitions nationales. Le drame survenu le week-end dernier dans un stade en Zambie (douze personnes sont mortes après le match Zambie-Congo, piétinées, une seule issue ayant été ouverte dans l’une des ailes du stade) rappelle cruellement le Cameroun à la réalité. Au regard de la vétusté de nos installations, une situation pareille est à craindre. En plus, ils sont pour la plupart concentrés dans la capitale Yaoundé, reléguant les autres régions au second rang. Cependant, au cours de la conférence du ministre des sports Augustin Edjoa pour annoncer l’arrivée imminente d’experts chinois pour étudier la faisabilité du stade Paul Biya, ce dernier a annoncé en grande pompe que des projets similaires seront réalisés à travers le pays. Cette annonce est confirmée par la signature d’un protocole d’accord entre les gouvernements camerounais et chinois. A cet effet, un vaste programme de développement des infrastructures sportives pour une période de 4 ans est en train de prendre corps. Il s’agit en l’occurrence de la réhabilitation des stades de football et de la construction des palais des sports d’une capacité variant entre 2000 et 5000 places. Les villes de Douala, Yaoundé et Bafoussam seront les premiers bénéficiaires. Puis suivront les villes de Bamenda, Limbé, Ebolowa et Bertoua pour ne citer que celles-là.
Il faut cependant louer la relative fin de l’apathie qui animaient nos dirigeants sportifs, de même que la coopération avec nos homologues asiatiques. Peut être que d’ici peu, notre pays aura enfin des infrastructures à la mesure de son rang sur la scène footballistique en particulier et sportive en général. Tournant radical ou illusion ? Seul l’avenir nous le dira. Toujours est-il qu’un pas important a été accompli par le début de travaux significatifs, mais le plus difficile est à venir. Et ça, nos dirigeants le savent mieux que quiconque.
Steve LIBAM