S’il est un point de récriminations constant, c’est la politique d’autruche du président de la Caf qui consiste fermer les yeux sur la gestion épicière des associations et toutes les atteintes portées à l’éthique. La seule condition étant que les présidents ne se trompent pas d’urne au moment de la reconduction du « Grand chef » !
Qui, aujourd’hui pourrait proclamer la bonne santé du football africain, empêtré d’est en ouest, du nord au sud dans de sordides affaires de corruption qui serpentent depuis les clubs locaux jusqu’aux responsables fédéraux et n’épargnent pas même les Etats ?
Les détournements récurrents des dividendes du football à des fins personnelles, les nombreux dysfonctionnements relevés dans la gestion quotidienne des associations semblent jouir de l’onction de la Caf et de la Fifa. La gabegie et l’impunité règnent en maîtres absolus dans le football africain et rien ne dit qu’elles ne trouvent pas leur inspiration des deux instances faîtières. Une chose est de s’autoproclamer incorruptible. Mais si l’on regarde la corruption étendre ses tentacules, sans mot dire, on devient complice de l’acte de corruption.
La Caf et la Fifa laissent ainsi prospérer leurs suppôts qui n’en font qu’à leur tête, violent les textes organiques de leurs associations, ne se maintiennent à leur poste qu’au prix de stratagèmes concoctés par leurs mentors. Par conséquent, le football camerounais [pour ne citer que ce seul exemple] sombre dans le néant depuis une décennie, sans qu’Issa Hayatou n’adresse de demande d’explications aux incompétents qui le tuent jour après jour.
Déjà j’entends la belle rengaine mille fois ressassée par Issa Hayatou et Sepp Blatter : « la Caf et la Fifa n’ont aucun droit d’ingérence dans les affaires internes des associations. Ou encore : « les Etats n’ont aucun droit de regard sur les sommes que la Fifa et la Caf versent aux associations ». Existe-t-il meilleure posture pour encourager la corruption et valider l’immunité des imposteurs ? Confrontés au vent d’assainissement qui souffle des Etats et aussi du public, ils brandissent leurs parapluies Hayatou et Blatter qui, disons-le par cette attitude compromettent tout effort de développement du football en Afrique. Pour preuve, les projets de la Caf et de la Fifa ne tardent-ils pas trop souvent à se matérialiser dans certains pays parce que l’argent a été détourné à d’autres fins ?
Si Hayatou est incorruptible, que dira-t-il de ceux qu’il protège au Nigéria, au Bénin, au Niger, au Maroc et au… Cameroun ? Son bilan à la Caf est fortement entaché par son incapacité à établir dans les satellites de la Confédération la même rigueur dans la gestion administrative et financière et le même esprit d’initiative qui sont dictées au Caire.
Jean Lambert Nang