Gagner, quelque soit la manière, c’est bon pour le moral et pour la comptabilité. Battre en plus à l’extérieur l’adversaire supposé être le maillon faible du groupe, donne un minimum d’assurance et de sécurité pour la suite. Encore que le Sénégal, l’autre mastodonte du groupe E, a réellement affiché ses armes et ses ambitions le weekend end dernier face à la République Démocratique du Congo, qu’il a battu quatre buts contre deux.
Sans avoir des dons de prophéties, c’est une rude course poursuite qui s’engage désormais entre les Lions Indomptables et les Lions de la Teranga. Les deux fauves ont les mêmes crocs, le même appétit et le degré de famine passé au scanner de l’échelle de Richter annonce un tremblement footballistique quasi incontournable. Il reste donc maintenant à savoir comment chacun de ces fauves va dépecer sa proie, si la RDC et l’Ile Maurice peuvent être considérées comme tels ! Et c’est justement dans la qualité de la correction que le match contre l’Ile Maurice, laisse un arrière goût de rassis mélangé aux épices qui finissent par donner un goût de regrets.
L’incroyable naïveté des mauriciens qui font le dur apprentissage de la haute compétition, commandait aux Lions Indomptables d’afficher leurs réelles ambitions en les passant à la guillotine. Le score de trois buts contre un, même s’il sécurise dans un coffre fort les trois points, ressemble à un aveu d’impuissance et un manque d’ambition qui pris sous le prisme du respect de la loi du terrain adverse, frise une compassion teintée d’inaptitude. Eh oui !
Les aveuglés d’optimisme et les réfractaires d’analyses abyssales, vous diront que gagner c’est déjà quelque chose d’acceptable et qu’on doit forcément se réjouir parce qu’à un but partout après quarante cinq minutes, rien n’était gagné à l’avance. Pour cela on doit non se réjouir, mais pousser le ouf de soulagement ou alors l’exclamation qui nous fera revenir sur terre dans nos ambitions et dans notre organisation : « Donc on était si loin, si loin qu’on en soit à trembler devant l’Ile Maurice, avec notre meilleur équipe possible ! ».
La réalité est donc là, il ne s’agit pas de panser les plaies de la Coupe du Monde, parce qu’elle n’en a laissé aucune, mais elle a simplement tiré la couverture qui cachait ces plaies là. Et en les laissant aux intempéries en un mois, elles se sont aggravées, au point de nous donner l’illusion que c’est elle qui les a créées.
L’Ile Maurice qui est un malade bien portant dans un pays « pauvre », a réellement montré au Cameroun, grand malade d’un pays « riche », que sa maladie était loin d’être guérie, même quand on rentre dans un hôpital où les chirurgiens des « pays pauvres » n’ont aucune compétence et aucune logistique pour évaluer la profondeur de la maladie. Oui; l’Ile Maurice a renvoyé le Cameroun au miroir d’une introspection qui ne sera totale que face au Sénégal ou la RDC.
Le Cameroun a priori n’a rien à craindre des autres. Son passé et son mental qui l’a lâché en Coupe du Monde, plaide pour lui. Mais pour conjuguer le football au présent, on se rend compte que le Sénégal a marqué quatre buts à l’extérieur contre un adversaire qui sans être une foudre de guerre, est de loin mieux nanti que l’Ile Maurice, et qui a réussi à marquer deux buts à une bonne défense sénégalaise. Donc le Cameroun qui a réalisé l’exploit d’encaisser un but face à des mauriciens qui doivent rentrer à l’école des amortis, des dribbles et même des contrôles de balle, doit humblement se faire du souci plus que les autres, et réviser tranquillement ses leçons.
Mais le problème très souvent, c’est que ceux qui côtoient les lions Indomptables au quotidien, ont très souvent l’habitude de porter le manteau de supporter, en refusant de regarder la vérité en face et faisant l’effort de se contenter des émotions de passage liées aux victoires quelque soit la façon dont elles sont obtenues.
Depuis cette victoire du reste prévisible face aux Mauriciens, seul Patrick Mboma a semblé avoir le recul et la lucidité nécessaires. Il a affirmé sur les ondes de Rmc, deux choses capitales. La première, c’est que Samuel Eto’o doit prendre la pleine mesure de ses responsabilités après un capitanat contesté au Mondial. Et la deuxième, c’est qu’il est important de se poser des questions autour des curieuses absences de Idriss Carlos Kameni, Achille Emana et Alexandre Song notamment. L’avenir dans les bons résultats, réside aussi dans la capacité du nouveau staff technique à élucider ces absences ou alors à réintégrer les « bannis » et les remettre au pas de la discipline. Car pour le moment il y en a parmi eux qui sont incontournables.