Nous voulons croire que le souci premier de la Fécafoot, en virant Monsieur Milla, était d’enlever à la présidence d’honneur de cette institution un Français bon teint qui vote en bombant le torse lors de l’élection présidentielle de son pays, qui n’est pas le nôtre.
Un Français dans les instances dirigeantes d’une agence publique de chez nous, ça fait un peu désordre quand même, parce qu’on dira ce qu’on voudra, mais le Cameroun, après tout, n’est ni un département de l’AEF ni l’Oubangui-Chari de vieille mémoire. Toutefois, la meilleure façon de couper les vivres et surtout le sifflet à un personnage largement inconséquent était-elle de le sacquer ?
En d’autres termes, Monsieur Milla, depuis le fameux accident vertueux de 1990 qui l’a propulsé dans la stratosphère, mérite-t-il, sur la foi de son parcours de porte-parole et de défenseur du football au Cameroun, d’être fait martyr de son vivant ? M. Milla victime expiatoire du football au Cameroun ? Je ne crois pas. Il y a nettement maldonne ici.
Il ne fallait évidemment pas le virer. Comme le complotait Néron dans la Rome antique, il fallait plutôt étreindre M. Milla de plus près pour l’étouffer à terme, l’inconséquence de ses propos, ses menaces sans effet et son agitation toujours du mauvais côté de l’histoire du foot le ravalant inexorablement au statut de personnage folklorique. Monsieur Milla a gagné la reconnaissance du peuple camerounais, mais perd de plus en plus le respect de ce peuple. Il a été viré, nous ne pensons pas que c’était la chose à faire, mais au moins il y a 300 000 francs de notre argent que les Français n’auront pas.