Si j’ai bien appris une chose dans les pays des Blancs, c’est qu’il faut à tout prix éviter des histoires avec le fisc. On peut commettre un meurtre et éviter la prison ; on peut voler et ne pas rembourser, on peut même insulter un policier sans la moindre conséquence. Mais jamais, on ne sort des griffes de l’administration fiscale sans laisser quelques plumes.
En surface, la situation de notre capitaine face au fisc espagnol se réduit à un banal redressement majoré d’une pénalité, salée certes, mais très largement supportable. Vous me direz que 20 millions d’euros, redressement et pénalité compris, c’est à peine 10 jours de travail pour M. Eto’o, et je vous répondrais que ça fait des sous quand même ! Surtout lorsque, de l’aveu même du capitaine, l’accumulation de ces impayés fiscaux n’est absolument pas de son fait, mais plutôt le résultat d’actions frauduleuses menées par son avocat à qui il aurait confié, depuis près de dix ans, la liberté totale de faire ce qu’il veut de l’ensemble de ses biens.
Vous avez bien compris. M. Eto’o a confié tout son patrimoine à un tiers, et il dort des deux yeux depuis près de dix ans. Ici, je dois reconnaître, comme M. Eto’o l’a d’ailleurs déjà dit, que les moutons marchent peut-être ensemble, mais qu’ils n’ont pas le même prix. Car, en toute honnêteté, moi qui vous parle, lorsque je confie 1000 francs à quelqu’un, je ne dors même pas d’un œil, et il ne faut surtout pas me chercher. Certains moutons, je me rends compte maintenant, donnent un blanc-seing à quelqu’un et découvrent, dix ans plus tard, que l’étable dans laquelle ils vivent et qu’ils croyaient être leur propriété, appartient en fait à quelqu’un d’autre.
Une autre chose que j’ai apprise chez les Blancs et que j’espère ne jamais oublier, c’est qu’on n’a jamais trop d’argent. Peu importe le montant, la taille, le volume ou la couleur des devises en portefeuille, l’argent finit toujours par s’envoler. Surtout lorsqu’on dort des deux yeux.
Je ne m’en fais pas trop pour le capitaine. Si jamais l’administration fiscale espagnole finit par le mettre à nu, il pourra toujours se servir de sa grande feuille d’impôt comme feuille de vigne pour cacher ce qui compte et comptera toujours pour beaucoup de footballeurs, là où ils ont leur tête, entre les jambes, où Dieu dans sa très grande sagesse a placé les bijoux de famille.