Après plusieurs mois d’un combat âprement mené contre l’un des plus terrifiants des cancers (pancréas), Dieudonné Dackam, ancien sociétaire de l’Union de Douala s’en est allé. La triste nouvelle est tombée mercredi 8 Juillet au petit matin tel un couperet, plongeant dans une immense douleur, les enfants Dackam dont Sandrine, Cédric, Manuella , Diane, son épouse, les amis et proches. C’est en véritable guerrier qui n’aura rien lâché, que l’ancien sociétaire de l’Union Sportive de Douala a affronté cette faucheuse pour laquelle, l’avis des spécialistes ne lui donnait que quelques temps à tenir.
Habitué à relever des défis, il rendra coup pour coup à cette faucheuse, déjouant les pronostics des médecins spécialistes, en prolongeant à un peu plus d’un an, son dernier combat dans cette vie.
Footballeur talentueux, Dieudonné Dackam fait ses débuts dans le sport roi au Cameroun, en courant derrière le ballon rond dans les championnats inter-quartiers de Douala. Il rejoint l’Union Sportive de Douala (capitale économique du Cameroun) en 1967
Baroudeur et bosseur, Il est très vite titularisé par le coach Tchetchueng qui en fait son milieu de terrain défensif en chef. Il y opère en duo avec Ndinibolé Léonard, officiant comme milieu offensif. Une équipe des Nassaras qui est sous la supervision du Président actif, Ndata Zachée.
Deux ans plus tard (en 1969), Dieudonné Dackam et l’union de Douala sous le capitanat(habituellement dédié à Owona Norbert) de Ndinibolé Léonard, remportent le seul doublé (Championnat + coupe du Cameroun) de l’histoire du football des Gamakaï Nassaras.
Une finale de coupe du Cameroun mémorable, face à l’Oryx de Douala flamboyant du Maréchal Mbappé Léppé. Une des premières belles années des Nassaras sous l’ère de feu Kouam Samuel, alors Président Général de l’UNION SPORTIF de Douala qui a à peine dix ans d’existence, mais discute déjà sa place à la table des grands que sont le Canon de Yaoundé, l’Oryx de Douala, le Tonnerre Kalara de Yaoundé etc.
Coach Tchetchueng entraineur, Nangoum Michel(vice capitaine), Kamdem(Libero), Owona Norbert(Capitaine), Dinibolé Léonard, Egoué Zacharie(gardien de buts), Botchen Samuel, Dinibolé Léonard (capitaine de la finale), Tchakountieu, Ngeleizeck, London Patrice (tireur de coup franck), Sergent Akono, Oumarou (gardien), Dackam(demi-defensif), Ngongang, Abong. Peh Maurice(défenseur)
Joint au téléphone à la suite du décès de Dieudonné Dackam, le Prince So Kake, Emmanuel Ngassa Happi, fait Empereur par Amadou Ahidjo, qui officiait comme Secrétaire général de l’Union de Douala l’année du double sacre des Nassaras, est plein d’émotions. Il s’en souvient comme hier. Il revient sur cette finale épique de l’UNIONcontre le grand Oryx du Maréchal Mbappé Léppé.
« Ce furent quatre-vingt-dix Minutes intenses d’une finale inoubliable au cours de laquelle un autre match dans le match se jouait entre le titanesque Dieudonné Dackam, l’homme à la godasse blanche et le Marechal Mbappé Leppé. Au grand bonheur des fans du football et surtout, des supporters des Nassaras. Il me souvient qu’il ait été désigné meilleur milieu défensif du championnat cette même année (1969). »
Il poursuit, par une anecdote dont nous avons l’honneur et la primeur d’avoir le scoop.
Kouam Samuel et Paul Biya, des décisions similaires parce que salutaires comme « sélectionneurs improvisés ».
« Lorsque le Président Paul Biya procéda à la sélection de Roger Milla en 1990 pour la coupe du Monde en Italie, j’avais salué l’initiative tout de suite parce qu’elle me rappelait celle de Kouam Samuel en 1969. Il avait décidé unilatéralement, de la titularisation de Owona Norbert lors de la finale, contre l’avis du coach Tchetchueng, la mienne et celle du Président actif, Ndata Zachée.
Nous étions totalement opposés, parce que Owona Norbert boycotta plusieurs séances d’entrainement-préparation de cette finale. Et le Président Kouam Samuel décida que ce sera Owona Norbert en attaque ou rien. Si nous ne sommes pas d’accord, nous quittons l’UNION. Et il eut raison. Car c’est bien Owona Norbert qui marquera les deux buts de victoire contre l’Oryx (2:0) et permit à l’union de remporter son 1er et unique doublé de l’histoire de notre équipe. Exactement ce que Milla fit pour le Cameroun en nous permettant d’être la 1ère nation africaine à atteindre les quarts de finale d’une coupe du monde, sur décision de Paul Biya ».
L’Union perd, avec le départ pour l’au-delà de Dieudonné Dackam, un ancien que devraient écouter les jeunes sportifs camerounais, au regard de son parcours sportif et professionnel riches, conclura-t-il.
Un autre témoignage nous est venu d’une dame. Compagne du capitaine de l’union de Douala lors de cette mémorable finale de 1969 : Thérèse Ndinibolè. Elle nous apprend je cite : « lorsque l’Union qui jouait en 4-2-4 cette année-là, alignait au milieu de terrain, Dieudonné Dackam, Ndinibolé Léonard et en attaque Owona Norbert et London Patrice, puis Mpeh Samuel en défense, la victoire de l’union était à plus de 90% assurée. Nous avons célébré cette finale de manière inoubliable avec tous les joueurs de l’ Union en boite de nuit à Douala. J’ai encore le souvenir comme si c’était hier. La boisson coulait à flot. Dieudonné Dackam était une pièce très importante dans cette équipe-là. Nous sommes très peinés d’apprendre son décès. Nos condoléances à sa famille et proches. »
Cette belle épopée encore toute fraîche dans sa tête, Dieudonné Dackam s’envole pour la France après cette fabuleuse année, où Il dépose quelques mois plus tard, ses valises à Roubaix. Là-bas, il enfourche le tablier de l’étudiant. Un diplôme d’ingénieur textile de l’école textile de Roubaix dans la poche, il n’entend pas s’arrêter là. Il enchaîne par la suite avec un DEES en finance. Il devient Sous-Directeur d’usine textile dans laquelle il restera trois ans.
Insatiable, il part quelques années plus tard, à la quête d’un MBA qu’il obtient dans la prestigieuse école supérieure de commerce, HEC de Paris.
Attaché à son pays d’origine, il rentre après son MBA HEC-Paris, mettre son expertise et savoir-faire, au service de son pays. Le domaine de l’import/Export, à la SAGA/Boloré, GETMA n’aura aucun mystère pour lui lorsqu’ il décide de se mettre à son compte plusieurs décennies plus tard, après de loyaux services rendus à ces géants de l’activité maritime au Cameroun.
Il laisse une veuve et quatre enfants durement éprouvés par son départ pour l’au-delà.
Par Guy Ngassa