En vous entendant vous interroger sur le sentiment des Africains face à l’éventualité de votre départ, je me suis senti intimement interpelé. J’ai compris votre sollicitude, j’ai pris la mesure du désir et de la volonté de servir et de payer de votre personne qui vous animent, j’ai senti le désarroi dans lequel, pensez-vous, votre départ plongerait l’Afrique.
Je sais que vous avez fini par vous draper dans les oripeaux du père de la nation foot sur le continent africain. Vous êtes là, dois-je vous le rappeler, depuis 1988. Vous avez largement vieilli sur le métier et sur le fauteuil. Vous êtes le père, le grand-père, le vieil oncle. C’est beaucoup.
Je peux vous rassurer, Monsieur, que nous allons vous pleurer, mais que nous sommes prêts à continuer sans vous. Ne vous en faites donc pas trop pour nous, et que votre trop grand dévouement ne vous empêche surtout pas de nous abandonner. Partez donc tout de suite, M. le Président, je vous en conjure, parce que, à force de résister, de coller à ce fauteuil, de vous incruster, vous avez sapé la pertinence de la fonction que vous exercez et créé un autre monstre de folklore à la tête d’une institution africaine.
Partez tout de suite, M. le Président, parce que vous n’avez plus rien à donner à la CAF. Vous avez fait ce que vous avez pu faire ; cinq, dix ou vingt ans de plus ne changeront rien. Si vous persistez et vous vous maintenez à force d’intrigues et à la faveur d’un entrelacs de relations à la limite interlopes ou par l’action d’une camarilla de pique-assiettes et de petits potentats qui vous doivent tout, vous récolterez forcément le lot de tous les dirigeants du monde entier, et en particulier de l’Afrique, qui n’auront pas su quitter la scène au moment opportun.
Le football a nettement progressé en Afrique ces vingt dernières années. Je ne pense pas que cet embellissement tienne énormément à votre action, mais peu importe. Vous étiez là, vous étiez le patron, et personne ne peut vous enlever cela. C’est là un acquis qui, il me semble, vaut la peine d’être préservé. Partez tout de suite, ne vous retournez surtout pas, et vous aurez notre reconnaissance.
Leonidas Ndogkoti