la deuxième fois, le Manager de Coton Sport de Garoua s’est déchaîné sur l’administration de la Fédération Camerounaise de Football. Pour la deuxième fois il a eu la langue dure sur l’amateurisme, les atermoiements et les lacunes de gestion de la Fécafoot.
Venant de quelqu’un d’autre, ces paroles auraient pu être interprétées comme de la haine chronique contre Iya Mohammed et son équipe. Venant de quelqu’un d’autre, ces paroles auraient dû provoquer un déferlement médiatique des barons de Tsinga et affinitaires. Mais depuis ces paroles lâchées devant la presse à Douala, où Denis Lavagne faisait la caricature de la mauvaise gestion des compétitions nationales et stigmatisait les incompétences qui peuplent l’immeuble de Tsinga, aucune réaction officielle, en dehors de celle bien prudente de Junior Binyam le responsable des compétitions nationales, qui sur la même tribune que Denis Lavagne, a simplement fait remarquer que les présidents de club ne s’en prendront qu’à eux-mêmes dans leurs lourdeurs, leurs lenteurs et leur ignorance. Dans cette réaction de Junior Binyam qui a au moins le mérite de nous renseigner que même Coton sport de Denis Lavagne n’est pas un modèle d’organisation et de célérité en soi, on sentait bien que l’ancien Rédacteur en Chef du quotidien Mutations, voulait se limiter aux faits relevant du problème, sans commenter les humeurs d’un Lavagne visiblement remonté.
Sur ce coup, il a bien joué. Le problème maintenant est le mutisme de l’ensemble du système de Tsinga, qui a eu la dent dure contre Nya Bernard, avec menace de radiation, pour avoir critiqué de façon publique et ouverte, la gestion du Secrétaire général de la Fécafoot. Pour une première fois donc, Nya Bernard a failli se retrouver dans le feu de la Géhenne, Lima, Tchato et autres Mbappè Essoka, radiés à l’époque pour s’être montrés « irrévérencieux » vis-à-vis des dignitaires du système Iya Mohammed.
Là, on a à faire à un récidiviste nommé Denis Lavagne, et personne ne lève son doigt pour le ramener à l’ordre, lui brandir son devoir de réserve et dénoncer l’irrévérencieux récidiviste.
Denis Lavagne est le Manager général de Cotonsport de Garoua, le club qui a pour Président du conseil d’administration, Iya Mohammed, le Président de la Fécafoot et pour l’un des principaux gestionnaires connu, Aboubacar Alim Konaté, membre du comité exécutif de la Fécafoot, et actuellement l’homme le plus influant du football camerounais. C’est dans ce club là qu’officie celui qui, depuis quelques temps, a choisi pour cible le Secrétaire Général de la Fécafoot, nommé par Iya Mohammed le Président de la Fécafoot, avec pour mentor Alim Konaté.
Comment peut-il se donner autant de liberté sans être rappelé à l’ordre deux fois de suite ? Il est probable que les remarques désobligeantes de Denis Lavagne soient fondées, mais formulées de cette façon là avec insistance contre la même personne, paraissent obéir à une stratégie bien précise.
Soit Denis Lavagne est exempté de brimades parce qu’il vient d’ailleurs et donc suscite le respect et la peur, soit il ne dit que tout haut, ce qui se discute dans son entourage de façon permanente et qu’il relaie avec aisance sur la base de la culture de liberté de ton intériorisé dans son pays d’origine.
Dans l’un ou dans l’autre cas, il ya des interrogations qui subsistent. Pourquoi Iya Mohammed et Alim Konaté ne ramènent-il pas à l’ordre un employé qui s’attaque à leur politique de façon ouverte et violente ? La réaction de Denis Lavagne tolérée de façon excessive n’est-elle pas une stratégie à la Mourinho pour montrer que Cotonsport de Garoua subit les mêmes avatars d’un système qui est présenté comme lui étant favorable? Et donc rassurer cette opinion que Coton Sport de Garoua est traité avec la même rigueur que les autres clubs ?
Puisque les supputations se bousculent au sujet de cette autre sortie de Denis Lavagne, ne peut-on pas croire qu’il ya une stratégie de culpabilisation contre une personne, le Secrétaire Général, en démontrant à Iya Mohammed que l’homme à qui il a fait confiance ne sert pas forcément ses intérêts comme il faut ? Dans ce cas, et je suis peut-être loin de le croire, Denis Lavagne participerait à une opération grandeur nature de l’actuel secrétaire général de la Fécafoot.
Mais réduire l’homme à cela, c’est aussi mal le connaître, même s’il est clair que l’humain est ondoyant et divers. La vérité, c’est que Denis Lavagne est un esprit libre qui dit simplement ce qu’il pense. Sa sortie suscite simplement des interrogations parce qu’on est dans un environnement qui commande une langue de bois pour protéger ses arrières. Dans un pays où dire à son frère ou à son père qu’il a fauté, s’assimile à la trahison et la jalousie.
Denis Lavagne dit ce que la presse et certains exégètes du football soutiennent au quotidien. Personne ne le contredit avec force à la Fécafoot, parce que personne ne peut le soupçonner d’être un potentiel adversaire ou détracteur de Iya Mohammed. Et c’est en ça que sa sortie est utile et salvatrice pour les autres Président de club condamnés au silence pour bénéficier des faveurs et espérer une riche carrière au sein de la Fécafoot. Il n’ya que Denis Lavagne qui peut parler ainsi, parce que personne à la Fécafoot ne peut le sanctionner, au risque de se tirer une balle dans la tête. C’est stratégique !